D’accord avec Djemila Benhabib sur le danger de l’islam politique, Lise Ravary indique ne pas croire que la charte de la laïcité du PQ règlera le problème. Rappelant la démission du PQ face aux protestations des Frères Musulmans, Point de Bascule ajoute : pourquoi la réaction du PQ aurait été différente avec une charte?
La commentatrice Lise Ravary a récemment écrit deux articles sur son blogue du Journal de Montréal dans lesquels elle identifie clairement la menace que pose l’islam politique des Frères Musulmans au Québec et dans les sociétés occidentales en général. Elle ajoute cependant ne pas croire que la charte de la laïcité proposée par le PQ fasse partie de la solution à ce problème croissant.
16 août 2012 – L’éléphant islamiste dans la pièce
17 août 2012 – Mais que fait donc Djemila Benhabib en politique ?
Dans son blogue du 17 août adressé à Djemila Benhabib, Lise Ravary lui déclare estimer et admirer son courage «même si je ne suis pas d’accord avec toutes tes positions». Ravary poursuit en précisant sa pensée sur la question de la charte de la laïcité :
Sur le fond de la question, la menace réelle que constitue l’Islam radical pour les sociétés occidentales, je suis 100 pour cent avec toi. Mais je ne crois pas à l’efficacité d’une charte sur la laïcité. Comme je l’écrivais hier dans le Journal, si ça fonctionnait, on le saurait. Depuis le temps que ça existe en France.
Disons que je préfère des actions ciblées (comme abolir la subvention de 880 000 $ que le ministère de l’Éducation accorde à une école musulmane de Ville Saint-Laurent contrôlée par les Frères Musulmans et qu’on sait liée à des organismes qui soutiennent le Hamas et Al Quaeda) à des solutions mur-à-mur comme une charte de la laïcité.
La seule chose que j’aime de l’idée d’une telle charte c’est que les islamistes la détestent.
Je crains aussi les effets pervers d’une telle charte sur les libertés individuelles de tous les Québécois. Mais je vivrai avec s’il le faut. Comme tu vis avec le crucifix au Salon Bleu. Il y a des choses pas mal plus urgentes à régler dans notre société. Comme acheter un billet d’avion aller-simple pour le conseiller du roi à l’Ambassade du Maroc à Ottawa, un Frère Musulman, qui s’en est pris à ta candidature, contrevenant ainsi au principe fondamental de neutralité diplomatique. Dehors les indésirables serait, à mon avis, plus efficace que toutes les chartes.
À Point de Bascule, nous appuyons entièrement les réserves de Lise Ravary sur la charte de la laïcité promue par le PQ. Dans le cas de l’École Dar al-Iman soulevée par madame Ravary, le PQ avait tous les éléments en main pour faire pression sur le gouvernement libéral SANS charte de la laïcité et pourtant ils ont tout arrêté dès les Frères Musulmans les ont inondés de messages de protestation après les questions de Monique Richard à l’Assemblée nationale en 2010.
Pourquoi devrait-on croire que le PQ se comportera de façon différente AVEC une charte de la laïcité ?
Voici trois développements survenus après que Monique Richard, critique du PQ en matière d’éducation, se soit opposée au financement de Dar al-Iman en décembre 2010 en raison des liens que l’école entretient avec l’infrastructure des Frères Musulmans au Canada :
- L’organisation IRFAN-Canada, vers laquelle le directeur de Dar al-Iman a transféré des centaines de milliers de dollars alors qu’il était directeur puis trésorier de la Muslim Association of Canada, a vu son statut d’organisme de bienfaisance révoqué pour avoir financé l’organisation terroriste Hamas quatre mois après que Monique Richard se soit opposée au financement de Dar al-Iman à l’Assemblée nationale.
Chloé Fedio (Toronto Star – 15 avril 2011) : Des vérificateurs comptables concluent qu’un organisme de bienfaisance a financé le terrorisme (Former charity funded terror group: Federal audit)
- La World Assembly of Muslim Youth basée en Arabie saoudite a financé simultanément une entité associée à al-Qaïda et à l’École Dar al-Iman. En 2012, l’Agence du revenu du Canada (ARC) a révoqué le statut de WAMY-Canada après avoir constaté que l’organisation avait transféré des fonds vers Benevolence International Fund (BIF), une entité associée à al-Qaïda. En consultant les rapports financiers de WAMY-Canada sur le site de l’ARC, on constate qu’en 2001, WAMY transféra des fonds non seulement vers BIF mais vers l’Institut Dar al-Iman qui administre l’École du même nom.
Point de Bascule (8 mars 2012) : L’école Dar al-Iman et la MAC ont reçu des fonds d’une organisation islamiste liée à Al-Qaïda dont le statut d’œuvre de bienfaisance vient d’être révoqué
- En 2010, l’ambassade saoudienne au Canada invita les musulmans de la région de Montréal intéressés à se rendre à La Mecque à faxer l’École Dar al-Iman pour contacter l’agence de voyages de la MAC. Des règlements interdisent aux organismes de bienfaisance comme l’école Dar al-Iman de dépenser des fonds pour des activités commerciales dont ils ne sont pas directement bénéficiaires.
Point de Bascule (26 janvier 2011) : Les ressources subventionnées de l’école Dar al-Iman utilisées par l’agence de voyages de la MAC et d’autres de ses filiales
Point de Bascule (2 mars 2011) : Les Saoudiens tentent de faire oublier les liens de l’école Dar al-Iman avec l’agence de voyages de la MAC
Pourquoi faudrait-il une charte de la laïcité pour justifier la fin des subventions gouvernementales à Dar al-Iman alors que les lois existantes contiennent déjà toutes les dispositions nécessaires ? La même question pourrait être posée dans le cas du halal. Suffisamment de preuves existent pour démontrer les liens qui unissent des agences de certification halal actives au Québec et des organisations qui financent le terrorisme international pour que les gouvernements puissent intervenir sans charte de la laïcité.
Point de Bascule (2 avril 2012) : Muslim Association of Canada : une contributrice au collecteur de fonds du Hamas contrôle la certification halal au Québec
Abdelghani Dades
Dans son commentaire, Lise Ravary réfère à un conseiller du roi du Maroc (Abdelghani Dades) comme à un Frère Musulman. Selon nous, les positions de Dades favorables aux Frères Musulmans s’expliquent davantage par sa complaisance à l’égard de la confrérie que par son appartenance formelle à leur infrastructure. La réponse extrêmement défensive et pleine de zigzags à des articles de Point de Bascule qui le visaient directement en 2010 diffère grandement, par le contenu et par le ton, de la réaction qu’auraient eu des Frères Musulmans en pareilles circonstances.
Point de Bascule (15 décembre 2010) : Atlas Média, journal de la diaspora marocaine à Montréal, se met au service des Frères Musulmans
Point de Bascule (17 décembre 2010) : Abdelghani Dades défend-il les Frères Musulmans au nom du gouvernement marocain?
Abdelghani Dades (Atlas.Mtl – 23 décembre 2010) : Au risque de vous déplaire…
L’éditorialiste d’Atlas.Mtl Abdelghani Dades appartient plutôt à la vieille garde rapprochée du roi du Maroc, celle qui était là avant l’arrivée des Frères Musulmans au pouvoir à la fin de 2011. Avant que les islamistes ne prennent le pouvoir, il n’était pas rare que des membres du régime expriment ouvertement leur opposition à l’égard des Frères Musulmans. Ce fut notamment le cas de l’ambassadrice marocaine au Danemark en 2008. Pour Dades, vivant à Montréal, la situation est fort différente. Il sait que les Frères Musulmans y exercent un rôle prédominant dans la communauté maghrébine et il sait qu’il serait extrêmement vulnérable s’il choisissait de s’opposer ouvertement à eux. Voilà pourquoi il préfère attaquer des cibles qui ne présentent aucun risque comme Djemila Benhabib et, avant elle, Monique Richard.
Point de Bascule (10 août 2012) : Un conseiller du roi du Maroc s’ingère dans les élections québécoises en s’en prenant à la candidate Djemila Benhabib