DU TOTALITARISME D’HASSAN AL-BANNA À L’ISLAM ENGLOBANT DE TARIQ RAMADAN
Point de Bascule vous présente un article en trois parties qui fait ressortir la nature totalitaire de la doctrine des Frères Musulmans et ses affinités avec le fascisme.
Les ambitions politiques d’Hassan al-Banna
L’article commence par rappeler l’existence du manifeste en 50 points d’Hassan al-Banna. En 1947, ce dernier le fit parvenir à plusieurs leaders politiques du monde arabe pour les convaincre de régir tous les aspects de leur société par la charia: politique, juridique, administratif, social, éducatif et économique.
L’introduction graduelle de la charia par le jihad juridique
De nos jours, en Occident, les Frères Musulmans ne réclament pas ouvertement l’introduction de la charia. Ils font plutôt appel aux tribunaux occidentaux pour qu’ils limitent la liberté d’expression et les droits de propriété de façon à imposer en douce leurs principes islamiques.
Une bien curieuse défense d’Hassan al-Banna
Le texte d’un professeur d’université publié par la section canadienne des Frères Musulmans soutient qu’Hassan al-Banna ne peut pas être accusé de « totalitarisme » puisque le concept n’existait pas à son époque. En réponse à ce faux-fuyant, l’article fournit une chronologie d’événements qui prouve le contraire.
Le troupeau et le corps social
Une exposition des similitudes entre les doctrines islamistes et les doctrines fascistes qui toutes deux représentent leur société utopique idéale comme un troupeau et un corps humain qui obéit à un berger ou une tête qui dirige.
Les Frères Musulmans inspirés par Hitler
Un rappel des éloges que les Frères Musulmans ont rendu et continuent de rendre à Hitler.
Hitler inspiré par les conquérants musulmans du passé
Une mention de textes d’Hitler favorables à l’islam et à ses chefs de guerre.
L’islam englobant de Tariq Ramadan
Puisque, de nos jours, les termes « totalitaire » et « totalitarisme » ne sont plus utilisés que de façon négative par ses critiques, les islamistes devaient trouver une nouvelle expression pour décrire leur doctrine de façon positive. Tariq Ramadan a choisi de parler du caractère « englobant » de l’islam.
CONCLUSION
Le lecteur est invité à reconsidérer son attitude face à l’islamisme à la lumière des conséquences catastrophiques qui découlèrent de l’absence quasi-totale d’opposition des Occidentaux à l’émergence des totalitarismes du XXe siècle.
DU TOTALITARISME D’HASSAN AL-BANNA À L’ISLAM ENGLOBANT DE TARIQ RAMADAN (1/3)
(Partie 2/3) et (Partie 3/3)
« Les Frères Musulmans doivent comprendre leur travail d’implantation en Amérique comme une sorte de grand jihad visant à éliminer, à détruire de l’intérieur la civilisation occidentale et à saboter sa misérable demeure afin que la religion d’Allah soit victorieuse sur toutes les autres religions. (…) C’est la destinée du musulman que de mener le jihad peu importe où il se trouve et ce, jusqu’à son dernier souffle. »
[Extraits du mémorandum des Frères Musulmans de 1991 – Investigativeproject.org]
Les ambitions politiques d’al-Banna
Bien que fondée en 1928, c’est surtout à partir de 1936 que l’organisation des Frères Musulmans mise sur pied par Hassan al-Banna (1906 – 1949) manifesta ses ambitions politiques. Celles-ci se matérialisèrent dans un programme de réforme de la société égyptienne en cinquante points qui touchait les domaines politique, juridique, administratif, social, éducatif et économique. Selon le site des Frères Musulmans qui reproduisit le manifeste en 2007, al-Banna en envoya des copies au roi Farouk d’Égypte, à son premier ministre ainsi qu’à de nombreux rois, princes et leaders du monde musulman en 1947. Dans son introduction au texte, le site enjoint les lecteurs de prier Allah pour que ses propositions se réalisent aujourd’hui.
Le manifeste constitue un classique de la littérature islamiste. Il a été intégré à Towards the Light (Vers la lumière), l’une des cinq brochures d’al-Banna dont Youssef al-Qaradawi (né en 1926) recommande la lecture dans son livre Auspices of the Ultimate Victory (Les signes annonciateurs de la victoire finale). Al-Qaradawi est le guide spirituel actuel des Frères Musulmans. Il jouit d’une immense notoriété dans le monde musulman acquise notamment grâce à son émission hebdomadaire « La charia et la vie» diffusée sur al-Jazeera.
Point de Bascule publia une traduction française des cinquante propositions du manifeste d’al-Banna. Voici sept d’entre elles. Elles ne laissent pas le moindre doute quant à la nature collectiviste et totalitaire du projet dans lequel sont engagés ceux qui aujourd’hui continuent de se revendiquer des idées du fondateur des Frères Musulmans :
(1) Éliminer les partis politiques afin d’établir un système de parti unique.
(2) Modifier la législation de façon à ce qu’elle se conforme en tous points avec la charia.
(3) Renforcer les forces armées et augmenter le nombre d’associations destinées à la jeunesse en encourageant chez elles l’esprit du jihad islamique.
(4) Fermer les salles de danse et les discothèques; interdire la danse et les autres passe-temps semblables.
(5) Surveiller les théâtres, les cinémas et choisir minutieusement les films et les pièces qui y seront présentés.
(6) Punir toute activité qui contrevient à la charia.
(7) Déterminer comment on arrivera à imposer une façon uniforme de se vêtir à toute la nation.
Ces réformes s’appliquent à des sociétés déjà conquises et islamisées. Dans d’autres textes, notamment Jihad, al-Banna s’est attardé à expliquer l’attitude que les musulmans doivent adopter face aux non-musulmans:
« Il est obligatoire pour nous (musulmans) de se battre contre eux (les infidèles) après leur avoir transmis l’invitation (d’adhérer à l’islam) et ce, même s’ils ne se battent pas contre nous »
[Five Tracts, Translated by Charles Wendell, Berkeley, University of California Press, 1978, p. 147].
Plusieurs organisations islamistes actives en Occident ne font aucun mystère de leur volonté d’introduire les principes de la charia exposés par Hassan al-Banna. En dépit des étonnants échos favorables que ces appels reçoivent à l’occasion de la part de personnalités occidentales de premier plan, Tariq Ramadan, Salah Basalamah et le reste des Frères Musulmans ne favorisent pas cette approche pour l’instant. Ils jugent, qu’à l’étape actuelle, cette tactique serait contre-productive car elle provoquerait des débats publics qui ne manqueraient pas de leur être défavorables. Ils veulent à tout prix éviter que ne se répètent des situations semblables à celle qui résulta en un vote unanime de l’Assemblée nationale du Québec contre l’introduction de la charia au Canada le 26 mai 2005.
Il est utile de préciser que ce ne sont pas des succursales des Frères Musulmans qui plaidèrent pour une introduction officielle de la charia au Canada en 2005 mais bien le Canadian Islamic Congress (CIC), une succursale de la Ligue islamique mondiale (LIM) basée à La Mecque. Le CIC a surtout fait parler de lui ces dernières années lorsqu’il chercha à faire condamner Mark Steyn et Ezra Levant pour islamophobie. Les Frères et la Ligue entretiennent des rapports mais leurs relations ont connu des hauts et des bas depuis les années ’60 notamment en ce qui à trait au choix des tactiques à utiliser pour islamiser l’Occident.
Saïd Ramadan (1926 – 1995), un membre éminent des Frères père de Tariq et gendre d’Hassan al-Banna, participa à la fondation de la LIM en 1962. À l’époque, il convainquit les Saoudiens de financer son Centre islamique à Genève. Le Centre est aujourd’hui dirigé par son fils Hani (né en 1959). Lorsque la tension monta entre Saïd Ramadan et les Saoudiens, ces derniers firent construire une seconde mosquée à Genève. Pendant quelques années, Yahya Basalamah, le père du principal porte-parole de Présence Musulmane Canada (Salah), fut l’imam de cette mosquée dite des Eaux-Vives (une rue de Genève). Ces détails biographiques et d’autres concernant le clan Ramadan-al-Banna sont fournis par Lionel Favrot dans son livre Tariq Ramadan dévoilé [Lyon, Lyon Mag’ Hors série, 2004].
Le point 19 (Domaine social) du manifeste en 50 points d’al-Banna prévoit des peines pour ceux qui attaquent la doctrine islamique. Fidèle aux idées de son grand-père, Tariq Ramadan engagea des poursuites judiciaires contre l’auteur Favrot pour l’intimider ainsi que tous ceux qui s’aviseraient de l’imiter dans le futur en critiquant sa conception de la religion. Ramadan ne cherchait rien de moins qu’à mobiliser les tribunaux français pour qu’ils appliquent des principes de la charia en sa faveur au détriment de la liberté d’expression. Après neuf longues années d’attente, Favrot et son éditeur eurent finalement gain de cause.
George Orwell: « Si la liberté signifie quelque chose, c’est le droit de dire aux gens ce qu’ils ne veulent pas entendre » [Animal Farm, New York, Knopf, 1993, p. 107. Appendix I – The Freedom of the Press (La liberté de la presse)]
L’introduction graduelle de la charia par le jihad juridique
Plutôt que de proclamer ouvertement leurs intentions d’instaurer la charia en Occident, les Frères Musulmans y vont au cas par cas en tentant de mobiliser les tribunaux occidentaux pour qu’ils dérogent à la règle de droit. Bien que leurs requêtes ne fassent pas ouvertement référence à la jurisprudence islamique, elles n’en visent pas moins à imposer une préséance de ses principes sur le droit de propriété, la liberté d’expression et d’autres garanties des libertés individuelles.
Tariq Ramadan exposa son approche dans une entrevue qu’il accorda au magazine Egypt Today en octobre 2004: «Les musulmans qui combattent au Canada afin de créer des tribunaux de charia pour trancher les litiges domestiques font preuve d’un manque de créativité. Dans le cadre du droit normatif canadien, les musulmans ont une latitude considérable pour proposer un contrat islamique. Ces tribunaux (de charia) ne sont pas nécessaires; ils ne font qu’insister sur le fait que les musulmans ont des lois spécifiques et pour l’instant, ce n’est pas ainsi que nous voulons être perçus. (…) Le terme charia en lui-même est chargé de connotations négatives dans l’esprit occidental. Il n’est pas nécessaire de le souligner. »
Dans un commentaire publié par le National Post lors d’une des visites de Ramadan au Canada en 2009, Tarek Fatah faisait remarquer qu’il s’agissait là d’un cas classique de taqiyya (dissimulation) pratiquée par les islamistes. (traduction française)
Voici quatre exemples de ce jihad juridique qui vise à instaurer progressivement la charia et le totalitarisme islamiste en Occident. Les Frères Musulmans n’ont pas nécessairement été associés à chacun des exemples mais ces cas précis n’en sont pas moins utiles pour comprendre la démarche promue par al-Qaradawi et Ramadan.
Une jeune Canadienne propriétaire d’un salon de coiffure à Londres désirait embaucher des coiffeuses qui avaient elles-mêmes des coupes de cheveux originales afin d’inspirer ses clientes. Une musulmane hijabée se présente pour postuler. La propriétaire lui explique qu’elle ne peut l’embaucher en raison du concept qu’elle veut appliquer dans son entreprise. La musulmane poursuit et la jeune propriétaire est condamnée à payer la plaignante. [Point de Bascule] [BBC archivé sur Jihadwatch]
Une musulmane applique pour travailler dans un bar. Elle est embauchée et abandonne son emploi après avoir appris qu’elle devait porter une robe. Elle poursuit le bar en plaidant que lui demander de porter cette robe équivalait à du harcèlement sexuel. Le tribunal condamne les propriétaires à la dédommager. À la même époque, le Daily Mail anglais présenta une photo de la jeune femme affichée sur sa page Facebook. Son décolleté était nettement plus prononcé. La photo de la robe rouge et celle du décolleté Facebook sont disponibles sur le site du Daily Mail. On ne peut manquer de noter l’ironie de la situation puisque le Coran interdit l’alcool et que la plaignante invoqua malgré tout sa religion pour mener son jihad juridique qui concernait son emploi dans un débit d’alcool.
McDonald’s est poursuivie par CAIR, une filiale des Frères Musulmans aux États-Unis, après avoir invoqué des motifs d’hygiène pour refuser d’embaucher des femmes voilées. [WSJ950 Radio (Detroit) archivé sur Jihadwatch]
Un abattoir est forcé par les tribunaux d’accorder du temps de travail à ses employés musulmans pour la prière. [The Denver Post archivé sur Jihawwatch]
Dans chaque cas, les islamistes plaidèrent qu’il y eût discrimination. Bien sûr qu’il y eût discrimination. Et alors? Chaque fois qu’on choisit, on discrimine. Chaque fois qu’on privilégie une option, on vient de défavoriser ceux qui nous ont proposé autre chose. Quiconque désire des employés qui répondent à certains critères discrimine car il défavorise ceux qui ne peuvent pas ou ne veulent pas répondre à ses critères. Quand les végétariens font leurs achats, ils discriminent contre les producteurs de viande, quand les musulmans pratiquants font leurs achats de nourriture, ils discriminent contre les producteurs de porc et d’alcool. Devrait-on les forcer à acheter des produits qu’ils ne désirent pas? Bien sûr que non.
Si on ne peut pas forcer les consommateurs à acheter ce qui ne répond pas à leurs critères, pourquoi devrait-on pouvoir forcer des employeurs à embaucher des gens qui ne répondent pas aux leurs? Dans une société libre, une règle de base doit régir les ententes contractuelles. C’est celle qui veut que chaque partie à l’entente y ait adhéré de son plein gré. À partir du moment où cette condition est remplie, il est inadmissible que des employés puissent avoir des recours contre un employeur au sujet de conditions qu’ils connaissaient lors de leur embauche.
Admettre que la propriétaire du salon de coiffure ait dû embaucher cette musulmane hijabée pour la seule raison qu’elle se présenta pour postuler revient à dire que si quelqu’un que vous ne connaissez pas vous aborde sur la rue en vous disant que vous lui devez un montant d’argent, vous devez les payer sinon ils pourraient aller en cour pour se faire dédommager. Ridicule et surtout dangereux.
Une des conditions essentielles à la prospérité d’une société c’est la stabilité et la prédictibilité de son environnement juridique. À partir du moment où les entrepreneurs ne savent plus si un contrat valable aujourd’hui sera un contrat valable demain, ils repousseront et éventuellement déplaceront leurs investissements vers des zones de plus grande liberté et des pays jadis prospères sombreront dans le marasme.
Ces atteintes au droit de propriété avaient évidemment commencé bien avant que l’influence islamiste ne se fasse sentir en Occident. Chacune des précédentes fut le fait d’un groupe de pression ou d’un autre (syndicats, groupes féministes, lobbies ethniques, etc.) qui fit chanter les partis politiques en leur faisant miroiter les votes des individus qu’ils représentaient en échange d’une violation des droits de propriété d’une catégorie ou d’une autre d’entrepreneurs (quotas d’embauche, formule Rand, etc.)
(Partie 2/3) et (Partie 3/3)
Lire aussi:
DU TOTALITARISME D’HASSAN AL-BANNA À L’ISLAM ENGLOBANT DE TARIQ RAMADAN (2/3)
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LE JIHAD DE TARIQ RAMADAN EXPLIQUÉ PAR SES SAVANTS MUSULMANS 1/3
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