Source: Occidental Soapbox
La Thaïlande, un pays du sud-est asiatique, est bouddhiste à 95%. Environ 2,8 millions de Thaïlandais, soit 4,6% de la population totale de 63 millions, sont musulmans. Les musulmans sont fortement concentrés dans trois provinces de l’extrême sud où ils représentent environ 80% de la population: Pattani, Narathiwat et Yala.
Depuis 2001, près de 3000 Thaïlandais ont été tués dans l’insurrection islamiste qui sévit dans le sud. En comparaison, environ 1000 Israéliens sont morts depuis le début de la deuxième Intifada en 2000. Pourtant, le djihad thaïlandais est largement ignoré par les médias, et peu d’Occidentaux en sont conscients en dehors d’un petit créneau de lecteurs de blogs.
Les attaques djihadistes ont commencé sérieusement en 2001, mettant l’accent sur les symboles de l’autorité du gouvernement, comme la police et les installations militaires, et même les écoles. À la fin de l’année, 19 policiers avaient été tués dans 50 incidents liés à l’insurrection. Le gouvernement a machinalement blâmé les rivalités criminelles, commerciales ou claniques dans la région pour ces attaques.
Au début de 2002, le Premier ministre Thaksin Shinawatra a déclaré: «Il n’y a pas de séparatisme, pas de terroristes idéologiques, juste des criminels de droit commun». En juillet 2002, après que 14 policiers aient été tués en sept mois, Thaksin a publiquement nié le rôle de la religion dans les attentats et a été cité comme disant qu’il «ne pense pas que la religion est la cause des problèmes là-bas, puisque plusieurs des policiers tués étaient musulmans». Le ministre de l’Intérieur thaïlandais a suggéré que les attaques étaient une réaction contre une récente vague de répression des drogues par la police.
Le réflexe de nombreux occidentaux a été d’expliquer les troubles par la marginalisation économique, mais l’économie de l’extrême Sud s’est nettement améliorée au cours des dernières années. Entre 1983 et 2003, le revenu moyen par habitant de la province de Pattani a augmenté de plus de 500%. De 2002 à 2004, le revenu des ménages s’est accru de 20% dans les trois provinces du sud, par rapport à 9,4% d’augmentation pour la Thaïlande dans son ensemble. Entre 2000 et 2004, le taux de pauvreté dans la province de Narathiwat est passé de 40% à 18%.
Les musulmans ne souffrent pas non d’exclusion politique. À la fin des années 1990, des musulmans étaient titulaires de postes de responsabilité dans la politique thaïlandaise, tels que Wan Muhammad Nor Matha, qui a servi comme Président du Parlement et ministre de l’Intérieur sous le gouvernement du Premier Ministre Thaksin. Le gouvernement comprenait 14 députés et plusieurs sénateurs musulmans lorsque la violence a éclaté en 2001. De plus, les musulmans dominaient les gouvernements locaux dans les trois provinces à majorité musulmane, et ils étaient en mesure d’exprimer ouvertement leurs revendications politiques.
Et pourtant, la violence s’est intensifiée. En 2002, 75 attaques liées à l’insurrection ont fait 50 morts parmi les policiers et le personnel militaire. En 2003, les autorités ont rapporté 119 incidents. De janvier à mars 2004, plus de 600 personnes ont été tuées dans une nouvelle vague de fusillades et d’attentats à la bombe.
L’aggravation de l’insurrection et son niveau de sophistication ont finalement forcé le gouvernement à reconnaître qu’il ne s’agissait pas de simples bandits. Les citoyens bouddhistes ont exigé des actions, et l’armée a imposé la loi martiale dans les provinces insurgées. En dépit de cette nouvelle mesure, Thaksin n’était pas prêt à renoncer à l’apaisement. Il a mobilisé la nation pour faire cent millions d’oiseaux de papier comme offrande de paix. En décembre 2004, 50 avions de l’armée thaïlandaise ont tapissé le Sud avec ce qui est devenu connu comme un «bombardement de paix». Les djihadistes n’ont pas été impressionnés. Quelques heures plus tard, des militants ont abattu un procureur dans la province de Pattani. Le lendemain matin, quatre soldats thaïlandais ont été victimes d’attaques à la bombe dans une aire de repos et un fonctionnaire local a été gravement blessé par une voiture piégée.
En mars 2005, l’ancien Premier ministre Anand a été nommé président de la Commission de réconciliation nationale, chargée de ramener la paix au Sud. Un critique féroce de la répression du gouvernement, il avait notamment déploré l’instauration de la loi martiale. Il a présenté ses recommandations finales en 2006, qui comprenaient l’engagement d’instaurer la charia, le déploiement d’une force de maintien de la paix non armée, et l’établissement d’un Peaceful Strategic Administrative Center pour les provinces du Sud, une agence qui semble à peu près aussi utile que l’ONU.
Toujours en 2005, le Général Sonthi, un musulman, a été nommé chef de l’armée thaïlandaise. En août 2006, à la suite d’attentats à la bombe simultanés contre 22 banques dans la province de Yala, le général Sonthi a rompu avec la politique du gouvernement et insisté sur des négociations avec les djihadistes. Sonthi lui-même a admis qu’il n’était pas sûr avec qui il fallait négocier, car les djihadistes demeuraient une nébuleuse sans chef apparent. Pourtant, le 22 septembre 2006, lui et un groupe d’officiers mécontents ont mené un coup d’État et déposé le Premier ministre Thaksin.
En novembre 2006, le nouveau Premier ministre fait par le coup d’État a présenté des excuses publiques aux musulmans du sud. Il a adopté un ton plus conciliant et engagé le gouvernement à améliorer les conditions socio-économiques et la qualité de l’enseignement dans le sud. La réaction à ces excuses a été une augmentation spectaculaire des assassinats, des attentats à la bombe et des incendies criminels. Le nombre mensuel de décès a augmenté de 30% dans les 5 mois après le coup d’État par rapport aux 5 mois antérieurs au coup.
Il serait difficile de trouver une société plus étrangère à l’Occident que la Thaïlande bouddhiste, mais le gouvernement thaïlandais et la population ont connu une progression de réactions étrangement similaire dans la lutte contre la violence islamiste:
DÉNI
THAILANDE: Leur première réaction en 2001 a été le déni. Ils ont nié toute dimension religieuse de la violence et cité l’oppression économique et politique comme étant la cause profonde.
L’OCCIDENT: Au cours des émeutes de 2005 en France, le gouvernement français et les médias internationaux ont minimisé l’angle islamique. Les émeutiers ont été décrits comme des «jeunes immigrants» ou, plus rarement, comme des «jeunes d’Afrique du Nord», mais jamais en tant que musulmans, et l’exclusion économique et politique a été identifiée comme étant la cause profonde.
HÉSITATION MORALE
THAILANDE: En 2004, face à une recrudescence de la violence, le gouvernement thaïlandais a été contraint de réagir avec des mesures sévères, mais il a rapidement perdu sa détermination et est revenu à des gestes aussi absurdes que le «bombardement de paix» pavant le Sud avec des oiseaux de papier.
L’OCCIDENT: Dans les mois qui ont suivi le 11/9, les Américains ont maintenu une position ferme et résolue dans la confrontation du fascisme islamique. Au fil du temps, la détermination s’est changée en lassitude face à de longues guerres et en frustration à l’égard des lourdes mesures de sécurité.
ENVISAGER LA CHARIA
THAILANDE: En 2006, la Commission nationale de réconciliation a recommandé l’institution de la charia dans le Sud comme concession aux islamistes.
L’OCCIDENT: En 2006, le ministre de la Justice néerlandais a suggéré que la charia serait acceptable dans son pays si elle était approuvée par une majorité des 2/3. La même année, le ministre suédois de la démocratie a dit: «Nous devons être ouverts et tolérants envers l’islam et les musulmans, de sorte que, lorsque nous serons une minorité, ils le seront à notre égard». En 2008, l’Archevêque de Canterbury a dit que l’introduction de la charia en Grande-Bretagne était «inévitable», et, effectivement, des tribunaux de la charia ont récemment été mis en place pour traiter les affaires civiles au sein de la communauté musulmane britannique.
L’APAISEMENT ET L’INACTION SE RETOURNENT CONTRE EUX
THAILANDE: En septembre 2006, l’armée thaïlandaise, dirigée par un musulman, a renversé le gouvernement démocratiquement élu et immédiatement entrepris une politique d’apologie et d’apaisement. Cela a encouragé les terroristes, qui ont répondu par une augmentation de 30% des attaques sanglantes.
L’OCCIDENT: En août 2005, Israël a unilatéralement retiré ses soldats et ses civils de la bande de Gaza. De Juifs américains de gauche ont acheté les serres existantes et les exploitations agricoles des Juifs de la bande de Gaza afin qu’elles puissent être données aux Palestiniens comme démonstration de bonne volonté. Depuis lors, elles ont été converties en sorties pour les tunnels servant à la contrebande d’armes. Les concessions ont enhardi les islamistes qui ont fait pleuvoir des milliers de roquettes sur Israël et exigé que les Juifs évacuent aussi cette région.
Le djihad Thaï montre que la violence n’est pas causée par la marginalisation économique et politique, ni une rébellion contre l’impérialisme occidental et le capitalisme, ou une réaction au fondamentalisme chrétien. La violence islamiste est enracinée dans l’idéologie islamique.
Les musulmans thaïlandais ont tendance à étudier à l’étranger, au Moyen-Orient et au Pakistan. Beaucoup d’entre eux reviennent en Thaïlande pour y enseigner dans les écoles religieuses, transmettant l’extrémisme à une nouvelle génération.
Des musulmans de Pattani auraient reçu une formation dans des centres d’Al-Qaida au Pakistan, et ont forgé des liens avec des groupes tels que le Front de libération islamique Moro aux Philippines et le Mouvement pour l’Aceh libre en Indonésie. Il s’agit d’un phénomène mondial. L’argent du pétrole finance les mosquées et les écoles radicales, les habitants locaux se radicalisent, et la violence prolifère. Il en va à Londres et à Jérusalem comme à Pattani et à Yala.
La leçon la plus importante du djihad thaïlandais est peut-être que les insurgés musulmans, qui représentent moins de 5% de la population, ont monopolisé le paysage politique depuis une dizaine d’années. Ce fut la plus sanglante insurrection dans le monde en dehors de l’Irak. Le djihad a été la raison principale derrière un coup d’État qui a renversé le gouvernement central de Bangkok. Ceux qui craignent que 3% à 5% de minorités musulmanes pourraient compromettre de manière significative l’Europe de l’Ouest sont qualifiés de « paranos » ou de «racistes» par les médias. L’histoire de la Thaïlande montre clairement que des minorités relativement petites peuvent déstabiliser un gouvernement national et engouffrer une société dans le chaos, sans parler d’une minorité de 10% ou plus dans un pays comme la France.
Le conflit est d’une extrême brutalité, même selon les normes djihadistes. Au moins 30 personnes ont été décapitées. Jusqu’à 1000 écoles ont été fermées à cause d’incendies criminels ou de menaces et 30 enseignants ont été tués. L’une des raisons est que les musulmans thaïlandais sont très conscients qu’ils sont à la périphérie du djihad mondial, les médias du monde entier portant une attention disproportionnée au Moyen-Orient.
Ils espèrent que des attaques audacieuses amèneront plus de notoriété et de prestige à leur cause. Une autre raison est que les bouddhistes sont considérés par les musulmans comme des idolâtres. Alors que les chrétiens et les Juifs sous domination islamique peuvent choisir entre la conversion, la mort, ou un déclin progressif et humiliant comme dhimmis, les idolâtres n’ont pas l’option de la dhimmitude. Ils doivent se convertir ou mourir.
Avec toutes ces statistiques, il est facile d’oublier que de vraies personnes sont sauvagement assassinées chaque jour en Thaïlande. Si vous avez un estomac solide, visitez le blog Zombie Time (*AVIS* Les images sont extrêmement explicites) pour un portrait visuel vraiment troublant du djihad en Thaïlande.
Je vous encourage avant tout à approfondir votre connaissance de la situation en Thaïlande. Passez le mot à vos amis et connaissances de gauche. Ils seront déconcertés quand ils se rendront compte qu’ils ne peuvent pas se replier sur leurs habituels arguments anti-occidentaux pour expliquer la violence djihadiste dans cette nation orientale jadis pacifique.
Voir aussi:
Thaïlande – Djihad dans le sud de la Thaïlande