Crime d’honneur
Premières révélations sept mois après le meurtre
Agence QMI, publié dans le Journal de Montréal édtion 3 février 2010
KINGSTON – Pour la première fois depuis l’arrestation des trois Montréalais accusés d’avoir assassiné quatre membres de leur famille, il y a sept mois, la poursuite a enfin commencé à divulguer ses éléments de preuve contre le trio d’origine afghane. Lorsque le procureur de la Couronne, Gerrard Laarhuis, s’est mis à interroger un témoin dans la salle d’audience de Kingston, Tooba Mohammad Yahya s’est mise à sangloter bruyamment.
En raison d’une ordonnance de non-publication qui s’applique à l’ensemble de l’enquête préliminaire, nous sommes dans l’impossibilité de spécifier la révélation qui a provoqué une telle réaction.
Mme Yahya était assise au banc des accusés, chaines aux pieds et séparée de son mari, Mohammad Shafia, par un des trois agents de police de Kingston présents dans la salle.
M. Shafia a également pleuré pendant plusieurs minutes. Les policiers affectés à la surveillance du couple et de leur fils âgé de 19 ans, Hamed, ont fourni des mouchoirs aux accusés.
Hamed Shafia, qui a été séparé de ses parents par un autre policier, est demeuré impassible.
Chacun d’entre eux fait face à quatre chefs de meurtre au premier degré et à quatre chefs de complot en vue de commettre un meurtre.
Zainab Shafia, 19 ans, ses deux sœurs, Sahar et Geeti, âgées de 17 et de 13 ans respectivement, ainsi que leur mère, Rona Amir Mohammad, âgée de 50 ans, avaient toutes été retrouvées mortes, tôt le 30 juin 2009, à l’intérieur d’une voiture submergée dans une écluse du canal Rideau à Kingston Mills. Rona Mohammad était la première épouse de Mohammad Shafia.
Les trois membres de la famille Shafia ont été arrêtés trois semaines plus tard.
Environ une demi-douzaine de supporteurs des présumés tueurs étaient présents dans la salle d’audience, ce matin, ainsi qu’une demi-douzaine de curieux.
L’audience, qui est traduite simultanément en farsi, devrait durer environ quatre semaines. Bien que son but soit de déterminer si les preuves retenues contre les trois accusés sont suffisantes pour ordonner un procès, Mohammad et Hamed Shafia ont déjà concédé qu’elles le sont.
Quant à Mme Yahya, elle n’est pas encore passée au même aveu.
La famille Shafia, d’origine afghane, vivait à Montréal depuis trois ans.
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