Célébrer le Ramadan
TARIQ RAMANDAN: UNE VIPÈRE PARMI NOUS
Par David Solway
PAJAMAS Média le 7 avril 2010
Traduction autorisée par Point de Bascule de
Tariq Ramadan: A Viper in Our Midst (Thanks to Hillary Clinton)
Tariq Ramadan,connaisseur de l’islam et djihadiste masqué, est de retour dans l’actualité, accueilli sur nos rives comme un apôtre de la modération et un artisan de la réconciliation entre l’islam et l’Occident.
Ramadan a été interdit aux États-Unis en vertu du Patriot Act pour avoir fait un don à la Holy Land Foundation, un organisme charitable qui a des liens avec le Hamas (organisation considérée comme terroriste par le ministère américain des affaires étrangères). Grâce à une autorisation spéciale de la secrétaire d’État Hillary Clinton, Ramadan peut maintenant prêcher son message au peuple américain au sein de ses institutions publiques comme la Cooper Union ou à un banquet organisé par CAIR Chicago (organisation islamiste).
Un peu plus tard ce mois-ci, Ramadan doit revenir au Canada, préparant avec soin une nouvelle opération charme à Montréal et à Ottawa, pour expliquer comment l’islam peut s’intégrer sans heurt à la culture occidentale. Ramadan aime particulièrement Ottawa, ville qui compte six mosquées officielles, 22 autres mosquées universitaires et où l’on prévoit construire 4 autres mosquées. Comment ne pas aimer une telle ville? Mais c’est seulement le signe de ce qui s’en vient. Grâce à la rhétorique de Ramadan, la campagne des Frères musulmans pour subvertir l’Occident de l’intérieur a fait un autre pas de géant. Et tout cela nous semble normal!
Nous n’avons tout simplement pas compris – ou nous refusons obstinément de comprendre – que l’islam est l’adversaire mondial de notre civilisation. Mais il y a autre chose. Le fait d’accueillir ceux qui projettent de nous dominer révèle qu’il y a quelque chose qui cloche chez nous. Comment expliquer autrement l’accueil chaleureux que nous faisons à un islamiste comme Tariq Ramadan, qui se fait passer pour un réformateur, mais qui laisse entendre clairement dans son livre Les musulmans en Occident et l’avenir de l’islam, que l’islam va y prospérer et, d’une certaine façon, va supplanter le judaïsme et le christianisme? Comment expliquer autrement que l’auteur d’un tract antisémite (Critique des nouveaux intellectuels communautaires) soit considéré par le magasine Times comme un intellectuel innovateur et soit invité par l’Université Notre-Dame à occuper la chaire Henry R. Luce du programme international d’Études sur la Paix? Ramadan a récemment été nommé à la chaire d’islamologie du sultan d’Oman à l’Université de Leyde aux Pays bas. Cette université ne semble n’avoir trouvé rien à redire au fait que Ramadan a prétendu «avoir enseigné à la faculté de théologie de l’Université d’Oxford» alors que ce poste n’existe pas à la faculté des études islamiques et que Ramadan n’y a jamais occupé un poste officiel.
Ramadan croit que l’islam peut infiltrer et conquérir l’Occident de manière pacifique, par une immigration continuelle, et que le «devoir des musulmans …est d’oeuvrer pour faire passer l’islam des marges de la culture européenne à son centre» comme il l’a affirme dans une entrevue accordée au New Statesman. Cet objectif est clairement tiré du Coran (9:33) où Allah enjoint son apôtre «de faire de la vraie foi celle qui l’emporte sur toutes les religions» – un objectif qui peut être dissimulé, mais auquel tout musulman croyant ne peut se soustraire en principe. Ramadan travaille à désarmer les résistances des Occidentaux en parlant d’ammonisation des éthiques et des doctrines des différentes communautés de foi. Il va même jusqu’à présenter des philosophes comme Avicenne, Averroès et Ibn Khaldun « comme des penseurs européens musulmans…qui ont accepté leur identité européenne» – affirmation aussi grotesque qu’absurde. Il suffit de consulter brièvement le livre The Politically Incorrect Guide to Islam de Robert Spencer pour démolir l’étrange conception de l’harmonisation culturelle, religieuse et juridique que défend Ramadan. Dans son dernier livre, la Force de la raison, Oriana Fallaci attire l’attention sur la nouvelle stratégie islamiste «de pénétration lente et progressive au lieu d’agression brutale et soudaine».
Il faut garder cet avertissement à l’esprit quand Ramadan réclame l’abolition de toute barrière à l’immigration musulmane dans son livre Les musulmans d’Occident et l’avenir de l’Islam. Il soutient que: «Les politiques pour limiter l’immigration sont affreuses et supposent que “l’immigrant clandestin” est un menteur, un voleur et même un bandit». Mais pourquoi s’arrêter là? De telles politiques postulent avec raison que «l’immigrant clandestin» est un inadapté, un parasite et même un terroriste comme les nations européennes sont en train de le découvrir. Il est révélateur que le père de Radaman, Said, après avoir obtenu l’asile politique en Suisse, a utilisé son journal El Mouslimoun pour promouvoir une guerre idéologique contre l’Occident. Sous cet angle, le fils, jouant le rôle du «bon policier» est beaucoup plus fin renard que son père dans la poursuite d’un but commun, et les universitaires de l’Occident sont assez bêtes pour se laisser abuser par ses tactiques. On aurait raison de se demander pourquoi un islamiste aussi radical que l’ancien dirigeant du Soudan, Hassan al-Turabi, qui a donné asile à Osama ben Laden, considère Tariq Ramadan comme «l’avenir de l’islam» et aussi, pourquoi Ramadan continue de siéger au conseil d’administration du Centre islamique de Genève, financé par l’Arabie saoudite. Ce centre est dirigé par son frère Hari et, selon des rapports, a été soupçonné par les services secrets suisses de liens avec des organisations terroristes.
Mais il arrive parfois qu’il faille ôter le masque. Ramadan veut que les musulmans qui vivent en Occident «se convainquent d’être détenteurs d’un message universel» comme il l’écrit dans Les musulmans d’Occident, et qu’ils introduisent dans le système d’éducation occidental «la philosophie générale du message musulman». Il prétendeffrontément que dans l’islam: «il n’y a pas de fusion entre l’autorité contraignante de la religion et l’autonomie citoyenne de l’individu, entre le domaine du dogme et celui de la raison.» L’islam, ajoute-t-il, «est une religion occidentale au sens plein du mot» et ce qui doit être «remis en question» n’est pas la doctrine de l’islam ou la violence qu’elle engendre, mais «les politiques d’immigration de l’Occident et ses politiques sociales et urbaines» qui donnent lieu « à des mesures administratives vexatoires, discriminatoires et injustes».
On peut se demander si Ramadan vit dans le même monde que nous ou s’il manque de sincérité par pur calcul. La réponse devrait être évidente. Il essaie ensuite de réfuter l’idée que dans l’islam, il y a fusion entre l’Église et l’État, que l’État est au service de la religion. Affirmer comme lui qu’il y a une «distinction» entre les deux sphères et «qu’il n’était pas nécessaire d’aller aussi loin qu’une séparation ou même un divorce, comme cela a eu lieu dans l’aire chrétienne» n’est tout simplement pas justifié par tout que l’on constate sur la scène internationale ou par les nombreuses poursuites contre la liberté d’expression intentées par des organisations islamiques en Occident. Soutenir qu’une «distinction» entre l’Église et l’État est aussi efficace qu’une «séparation» ou un «divorce» – qu’elle est seulement plus subtile – ou affirmer même qu’une telle distinction existe dans le monde musulman, est un pur mensonge.
Dans son livre Les identités meurtrières, Amin Maalouf, penseur musulman honnête et de bonne réputation, explique très bien ce qu’implique une séparation. Il écrit: «Séparer l’Église et l’État n’est pas suffisant. La religion doit aussi être séparée de ce qui fonde notre identité». Mais, tout compte fait, comme le soutient Patrick Sookdheo dans Comprendre le terrorisme islamique, quelles que soient les concessions faites à l’islam et à ses défenseurs «les musulmans trouveront toujours des raisons pour faire la guerre aux autres, à moins que l’islam change complètement.» Le philosophe Roger Scruton est d’accord. Comme il l’écrit dans The West and the Rest: «Il est impossible pour un musulman de croire que la conception du Bien, si clairement définie par toutes les prescriptions et les maximes du Coran, soit exclue du contrat social. Au contraire, aux yeux du musulman, c’est seulement cette conception du Bien qui donne légitimité à l’ordre politique.»
Curieusement, Ramadan est implicitement d’accord. Quand il s’explique sur « le niveau d’engagement politique», on découvre qu’il s’attend à ce que les musulmans «prennent d’abord la vision islamique comme référence» avant «de choisir…les stratégies qui leur permettront d’être fidèles à l’essentiel des principes et des valeurs morales de l’islam». Somme toute, la «distinction» qu’il établit n’est pas si subtile. Et elle n’est que la pointe de l’iceberg. Ramadan prétend qu’il n’est pas un fondamentaliste salafiste (de l’arabe «salaf»: pieux ancêtre) mais ses paroles sur des cassettes destinées aux jeunes musulmans et certaines des entrevues données à la radio laissent penser le contraire. Il est beaucoup plus direct sur ces cassettes qu’on peut trouver sur le Web ou dans des librairies spécialisées. La journaliste Caroline Fourest les a analysés soigneusement dans son livre Frère Tariq: le double langage de Tariq Ramadan.
Comme le dit Paul Berman dans un important essai paru dans New Republic “ Who is Afraid of Tariq Ramadan“, «Ramadan use de l’argument de liberté pour justifier et obtenir l’autonomie de la communauté musulmane reconstruite.» Et de fait, «la rhétorique antimondialiste des ses alliés gauchistes» s’est aussi révélée brillamment efficace. Thomas Haidon, un musulman, membre du Qur’anist reform mouvement, va plus loin. Pour lui, Ramadan n’est qu’un «faux modéré» et ces «faux modérés» dit-il, ne valent «pas mieux que les terroristes d’Al-Qaida» et sont peut-être «plus dangereux». Ramadan ne fait que suivre les conseils de son mentor, le cheikh Yusuf al-Qaradawi, chef spirituel des Frères musulmans (mouvement fondé par Hassan al-Banna, le grand-père maternel de Ramadan) qui soutient que la reconquête musulmane de l’Europe sera achevée «par le prêche et l’idéologie». Qaradawi et Ramadan semblent en voie de réaliser leur programme, non seulement en Europe, mais aussi en Amérique du Nord!
L’argument que Ramadan et ses acolytes développent au sujet de la compatibilité entre l’islam et l’Occident semble plausible au premier abord, surtout si l’on se laisse duper par le ton doucereux qu’il adopte dans ces conférences. L’auditeur naîf peut y voir une analyse rationnelle d’un sujet complexe. Mais c’est une analyse trompeuse qui déplace discrètement la charia et le Coran des marges dela culture occidentale vers son centre: déplacement dissimulé derrière un paravent de raisonnements énoncés sobrement et judicieusement.
Tariq Ramadan n’est pas seulement l’avenir de l’islam. Il pourrait bien être l’avenir de la civilisation occidentale si nous ne sommes pas déterminés à prendre fermement position et à résister à sa rhétorique fallacieuse et à son sabotage idéologique.
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