Durant la Seconde Guerre mondiale, une centaine de Canadiens se sont portés volontaires pour mener des opérations clandestines en territoire ennemi. Maîtrisant souvent une des langues parlées dans les pays occupés par l’Allemagne nazie et ses alliés, ils ont ainsi été envoyés en France, en Italie, en Birmanie, en Hongrie et ailleurs. La plupart des volontaires étaient affectés au sabotage des infrastructures. En France occupée, les Canadiens Lucien Dumais et Raymond Labrosse ont dirigé un réseau clandestin qui évacuait du pays des pilotes alliés abattus par les nazis.
LE RÉSEAU D’ÉVASION SHELBURN
Lucien DUMAIS
Né à Montréal en 1904 / Mort à Montréal en 1993
http://fr.wikipedia.org/wiki/Lucien_Dumais
Raymond LABROSSE
Né à Ottawa en 1921 / Mort à Ottawa en 1988
Globe and Mail (Toronto) – 10 août 1988
Originaire de Montréal, Lucien Dumais a rejoint le Régiment des Fusiliers Mont-Royal en 1934 à l’âge de 29 ans. En 1940, il a participé au raid de Dieppe et fut capturé par les Allemands. Après quelques dizaines d’heures entre les mains de l’occupant nazi, il put s’échapper, aidé de Français, pour rejoindre Marseille puis Gilbraltar. Il regagna l’Angleterre et, après quelques mois, fut recruté par le service secret britannique MI9 pour former un réseau chargé d’évacuer les aviateurs alliés qui se retrouvaient en France après que leur avion ait été abattu.
Dès le début, l’opérateur d’émetteur sans fil Raymond Labrosse d’Ottawa s’est joint au réseau Shelburn. Il maintenait le contact avec Londres, informant des dates et des endroits où la marine britannique pourrait récupérer des pilotes alliés sur les côtes françaises, il envoyait des requêtes de matériel pour son réseau, etc.
Labrosse envoya la plupart de ses messages à Londres à partir de la Gare Lachapelle de Paris. Le chef de gare, M. Doré lui servait de couvert. À la fin de la guerre, Raymond Labrosse maria sa fille qui l’avait aidé dans son travail clandestin.
Lorsqu’après plusieurs opérations, Labrosse fut cerné par les Allemands, il s’échappa de France via l’Espagne et Gibraltar en emmenant avec lui 29 pilotes.
Le réseau Shelburn était composé de «logeurs» qui hébergeaient les pilotes à plusieurs endroits à travers la France. De là, ils se rendaient à Paris afin que des «convoyeurs» puissent les accompagner par train vers les côtes du nord-ouest de la France d’où ils partaient vers le port de Dartmouth en Angleterre.
À Paris, les logeurs se chargeaient de prendre les «colis» aux gares, d’encadrer ces aviateurs, de les réunir si possible, de les loger et de les nourrir. Bien souvent, un même aviateur était relogé successivement chez différentes personnes afin de dissiper les soupçons des voisins et surtout de la Gestapo. À noter que ces aviateurs étaient durement interrogés pour éviter l’infiltration d’agents ennemis. Parfois, les transports se faisaient en métro où le risque était grand car la Gestapo y avait des agents en civil pour débusquer les comportements suspects.
Après quelques jours d’hébergement à Paris, les logeurs redéposaient leurs colis à la Gare Montparnasse pour être transportés par un convoyeur jusqu’aux gares de Saint-Brieuc, de Châtelaudren et de Guingamp en Bretagne. Les aviateurs étaient alors munis de faux papiers avec des noms bretons. En cas de contrôles par les autorités allemandes (ou françaises), le convoyeur faisait passer ses aviateurs pour des sourds et muets. L’ensemble des aviateurs étaient ensuite logés provisoirement chez des résistants locaux (des «hébergeurs»).
Lorsqu’une nuit sans lune s’annonçait et qu’un voyage était confirmé par radio (avec le message «Bonjour à tous dans la Maison d’Alphonse»), les membres du réseau Shelburn préparaient l’opération d’évasion en réunissant l’ensemble des aviateurs dans la maison de J. Gicquel dite “la Maison d’Alphonse”, demeurant à deux kilomètres de l’Anse de Cochat, plage choisie pour les opérations d’évacuation. Cette plage fut appelée “Plage Bonaparte” par les résistants. La première évasion par la Plage Bonaparte se fit le 28 Janvier 1944 avec 18 aviateurs regagnant l’Angleterre le même jour.
Conduits de nuit par des habitants de Plouha qui connaissaient bien les falaises, les aviateurs étaient amenés sur la plage à marée basse en passant au travers de la lande et d’un champ de mines, puis marchaient dans l’eau jusqu’à la taille et attendaient (parfois longtemps) deux ou trois barques (sans moteur) qui les transportaient ensuite à trois kilomètres du rivage où une vedette armée de la Royal Navy (MGB 503), les attendait. Tout cela, sous le nez des Allemands qui avaient un Blockhaus sur les hauteurs des falaises de l’Anse de Cochat…
http://forcedlanding.pagesperso-orange.fr/Shelburn.htm
http://www.veterans.gc.ca/fra/histoire/secondeguerre/courage/evasion
Autorisation donnée à Lucien Dumais et Raymond Labrosse de porter une médaille de la liberté décernée par le président des États-Unis en reconnaissance des risques qu’ils ont encourus pour évacuer plusieurs pilotes américains hors de la France occupée par les nazis
http://www.london-gazette.co.uk/issues/37909/supplements/1316/page.pdf
HOMMAGE AUX CANADIENS EXÉCUTÉS LORS DE LEUR MISSION EN FRANCE
Gustave (Guy) BIÉLER
Né en France en 1904 / Immigre au Canada (Montréal) en 1924 / Exécuté au camp de concentration de Flossenbürg en 1944
Biéler dut passer plusieurs mois chez des résistants français pour se rétablir des blessures qu’il s’était infligé au dos lors de son parachutage au sud-ouest de Paris. Il consacra sa période de convalescence au recrutement d’agents pour son réseau de sabotage. Le réseau utilisait l’équipement parachuté par les opérations spéciales britanniques (SOE) pour endommager l’infrastructure ferroviaire et nuire au mouvement des troupes allemandes. Biéler finit par diriger 25 équipes armées distinctes qui systématiquement faisaient sauter des voies ferrées et des postes d’aiguillage, détruisaient ou faisaient dérailler des trains de troupes allemandes dans le nord de la France.
Les Allemands finirent par capter les transmissions radio de son réseau depuis Saint-Quentin. En janvier 1944, dans un petit café, les Allemands arrêtèrent Biéler et son opérateur de radio, Yolande Beekman, une Suissesse d’origine anglaise âgée de 32 ans.
Biéler fut torturé pendant des mois, mais la Gestapo n’en retira rien. Même les Allemands furent impressionnés par son courage et sa dignité. Au lieu d’être pendu ou asphyxié comme c’était généralement le cas des espions, Biéler fut tué par un peloton d’exécution après avoir été escorté par une garde d’honneur de S.S.
Gabriel Chartrand, qui s’est également illustré en France avec Biéler, l’a décrit comme «le plus grand héros de guerre canadien».
Anciens combattants Canada – SOE Les héros canadiens en actions
CBC – La fille d’un héros tombé au combat rend hommage à son père (A fallen hero, a daughter left behind)
Alcide BEAUREGARD
Né en Estrie en 1917 / Exécuté par les Allemands lors du massacre de Saint-Genis-Laval ordonné par Klaus Barbie en 1944
Alcide Beauregard travailla comme opérateur d’émetteur sans fil à Lyon en 1944 jusqu’au moment où les Allemands déterminèrent son emplacement et le capturèrent.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Alcide_Beauregard
Robert BYERLY
Né aux États-Unis en 1916 / Joint le Corps royal canadien des transmissions / Exécuté à Gross Rosen en 1945
Robert Byerly fut parachuté dans la nuit du 6 au 7 février 1944 aux environs de Poitiers comme opérateur radio. Il fut capturé dès son atterrissage par les Allemands et déporté.
Mémorial virtuel de guerre du Canada
http://fr.wikipedia.org/wiki/Robert_Byerly
François DENISET
Né à St-Boniface (Manitoba) / Exécuté à Gross Rosen en 1944
François Deniset fut parachuté dans la nuit du 6 au 7 février 1944 aux environs de Poitiers, comme instructeur en maniement des armes pour un réseau clandestin. Il fut capturé par les Allemands dès son atterrissage et déporté.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois_Deniset
John MACALISTER
Né à Guelph (Ontario) en 1914 / Exécuté au camp de concentration de Buchenwald en 1944
Parachuté en France pour y travailler comme opérateur radio d’un nouveau réseau dans les Ardennes, il fut arrêté peu après son arrivée, emprisonné, interrogé, torturé, puis déporté et finalement exécuté par les Allemands.
http://fr.wikipedia.org/wiki/John_Macalister
Frank PICKERSGILL
Né à Winnipeg (Manitoba) en 1915 / Exécuté au camp de concentration de Buchenwald en 1944
Envoyé en France en tant que chef de réseau en compagnie de son opérateur radio, John Macalister, il fut arrêté rapidement, déporté et exécuté par les Allemands.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Frank_Pickersgill
Guy Roméo SABOURIN
Né à Montréal en 1923 / exécuté au camp de concentration de Buchenwald en 1944
Envoyé en France, il fut arrêté par les Allemands à son arrivée, puis déporté et exécuté à l’âge de 21 ans.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Rom%C3%A9o_Sabourin
HOMMAGE À D’AUTRES CANADIENS QUI ONT SURVÉCU À LEUR MISSION EN FRANCE
Hommage à d’anciens combattants
Référence supplémentaire
Wikipedia : Liste des réseaux clandestins opérant en France occupée