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Une convertie à l’islam justifie la charia et l’inégalité hommes-femmes
Auteure : Suzanne Chabot
Référence : Le Devoir, section Idées, 23 décembre 2004, p. A7
L’auteure se décrit comme une politologue et une Québécoise de souche convertie à l’islam depuis neuf ans (1995). Elle a écrit sa lettre au journal durant le débat sur l’instauration de tribunaux islamiques en Ontario.
Titre original : Des droits qui s’accompagnent de responsabilités
La demande faite par un groupe de musulmans de mettre sur pied un tribunal islamique soulève beaucoup de passions à l’heure actuelle au Québec. J’ai remarqué que les critiques portent essentiellement sur le statut de la femme musulmane selon la charia. On fait alors une comparaison avec le statut de la femme occidentale pour démontrer l’injustice dont les femmes musulmanes seraient victimes, la charia institutionnalisant sa soumission à l’homme tandis que la société occidentale prône l’égalité des sexes.
Ce qui est critiqué, au nom de l’égalité des sexes, ce sont certains aspects de la charia, notamment ceux-ci:
– la soumission demandée à la femme envers son mari pour toute question qui ne s’oppose pas à sa soumission à Dieu;
– le droit du mari d’avoir des relations sexuelles sur demande;
– le droit qu’a l’homme de corriger sa femme en cas de désobéissance;
– le droit qu’a le mari de prononcer le divorce;
– l’absence de ce droit au divorce pour la femme (seul un juge pourra lui octroyer le divorce si le mari n’y consent pas);
– l’héritage de la femme, qui est de moitié celui de l’homme;
– la polygamie.
Ce ne sont là que des exemples. On peut en citer d’autres.
Voir le système dans son ensemble
Je vais vous surprendre. Je ne nie aucunement que ces droits soient accordés aux hommes selon la charia. Je ne suis pas de celles qui affirment que l’islam est une religion qui prône l’égalité des sexes.
Toutes ces normes apparaissent effectivement discriminatoires à première vue. Cependant, il faut voir le système musulman dans son ensemble. Si l’homme a de nombreux droits dont la femme ne dispose pas, il a en revanche plus de devoirs et de responsabilités!
C’est sur les épaules de l’homme que repose l’entièreté de la responsabilité de la prise en charge matérielle de la famille. C’est lui qui est le responsable des décisions importantes. Il se doit d’être juste, équitable et compatissant envers son épouse (ou ses épouses). Toutes ces responsabilités s’accompagnent d’une grande quantité de règles de comportement qui sont définies dans la charia et dont on ne parle pas!
Chaque homme porte le poids de cette responsabilité devant Allah et aura à répondre de ses actes le jour du Jugement dernier. Si la crainte d’Allah l’emporte chez lui sur ses bas instincts, alors la femme sera bien traitée par son mari.
Cependant, les hommes étant faibles, il est impératif que les droits de la femme soient protégés. L’homme musulman doit aussi porter le poids de ses responsabilités devant les autres hommes musulmans. C’est l’objectif de l’organisation de la justice. C’est justement parce que la femme a un statut inférieur dans la famille qu’il est si important pour nous toutes que nous ayons des tribunaux islamiques pour protéger les femmes contre les comportements déplacés et tyranniques des hommes qui ne craignent pas Allah.
En rejetant les tribunaux islamiques, ce sont les droits des femmes musulmanes que vous niez, que vous bafouez et que vous attaquez. Si elles n’ont aucun recours, elles n’auront aucune possibilité de se sortir de leur état et de faire valoir leurs droits car seul un homme musulman en autorité (un juge) peut contraindre un autre homme musulman.
Les musulmans pieux continueront à se comporter selon leur législation (charia) dans leurs relations conjugales, que cela soit accepté ou non par les Québécois appartenant à d’autres religions. Il serait de bon ton que ceux-ci reconnaissent leur impuissance à contraindre les musulmans à renier leur foi et qu’ils acceptent de nous accorder notre liberté de religion et notre liberté de conscience de bonne foi, comme le demande la Charte des droits et des libertés de la personne humaine.
Notre soumission à Allah relève de notre foi, et nous ne souhaitons pas l’imposer à qui que ce soit. C’est pourquoi je vous souhaite la paix et vous demande de me l’accorder également.