Dans son mémoire à la Commission Bouchard-Taylor, le RCMO demande que la société québécoise conserve le droit à la fierté de ses racines et de son patrimoine chrétien et rejette le chantage des groupes d’immigrants qui les considèrent comme un obstacle à l’intégration. Il craint que certaines demandes d’accommodement, d’apparence anodines, pourraient cacher des agendas politico-religieux trop éloignés de la culture québécoise.
Nous reproduisons le mémoire présenté à la Commission Bouchard-Taylor par le Rassemblement des Chrétiens du Moyen-Orient (RCMO).
Le mémoire est ici :
INTRODUCTION
Les chrétiens du Moyen-Orient venus principalement de la Syrie, du Liban, de la Palestine, de la Jordanie, de l’Irak et de l’Égypte comptent environ 150,000 personnes au Québec et s’y sont établis par vagues successives depuis environ 125 ans.
Ayant vécu comme minoritaires, nous nous étions adaptés aux règles de la majorité dans nos pays d’origines et nous nous sentons le plus en mesure de témoigner que l’effort d’adaptation commence par une souplesse et une volonté d’adaptation des minorités; la connaissance de la langue de la majorité et le respect de sa culture étant à la base de l’adaptation.
A la recherche d’une vie paisible, loin des conflits et des guerres, ils se sont intégrés avec succès à la société québécoise sans bruit ni trompette. Ils ont apporté à cette société un éclairage différent de valeurs humaines chrétiennes et orientales. Leur ajout s’est fait en harmonie avec la société d’accueil au point qu’ils sont souvent inclus dans cette majorité silencieuse.
Quelques points les caractérisent :
– Ils ont effectué un passage facile au français et à l’anglais.
– Ils n’ont pas insisté à créer leurs propres écoles, hôpitaux, centres d’accueil etc.…mais adhéré aux structures existantes de la société.
– Ils ont souvent épousé des gens du pays, surtout en 2e et 3e génération
– Ils ont cherché et trouvé au Québec traditionnel un attachement à la civilisation et aux valeurs chrétiennes profondes qu’ils ont chéries et auxquelles ils demeurent attachés.
– Ils pensent qu’une laïcité raisonnable dans notre société ne devrait pas se manifester par un rejet systématique des valeurs religieuses nécessaires à l’équilibre humain personnel et sociétal.
LE CONTRAT SOCIAL
Il est évident que la société d’accueil est au départ maîtresse de ses choix et qu’il lui appartient de décider de sa politique d’immigration : du nombre, de la qualité, du timing, des moyens etc. Toutefois ces conditions doivent être claires dès le départ afin que l’émigrant choisisse en connaissance de cause et accepte cet espace social proposé.
Il est par ailleurs juste que les émigrants qui se déracinent et élisent un nouveau pays pour eux et leurs familles y trouvent l’accomplissement du rêve pour lequel ils ont payé le prix le plus cher.
Nous sommes conscients que la très grande majorité des émigrants de diverses origines, ethnies et religions respectent entièrement les règlements et l’esprit de l’espace publique québécois. Toutefois nous craignons que certaines demandes d’accommodement, d’apparence anodines, pourraient cacher des agendas politico-religieuses tellement différentes de l’espace publique québécois. Ce sont ces mêmes demandes exagérées qui ont irrité la majorité provoquant du même souffle ce grand questionnement identitaire que nous espérons salutaire pour l’avenir et porteur de clarté bénéfique pour nous tous.
Par ce que de part et d’autre l’immigration devrait constituer un contrat honnête, un échange épanouissant pour les deux parties. La majorité qui accueille et la minorité qui adhère devraient continuer à vivre à l’aise et en harmonie, en bon voisinage. Si la majorité accepte d’accommoder les minorités il est évident que ces compromis devront être négociés et ne constituent pas un droit exigé.
Les émigrants ont la responsabilité de respecter toutes les lois et règlements même si ceux-ci s’avèrent incompatibles avec leurs valeurs personnelles ou inspirés d’autres traditions religieuses. Exemples : l’apprentissage du français, l’indépendance des 3 pouvoirs, la séparation entre la religion et l’état, l’illégalité de la polygamie, la nullité de la répudiation, l’égalité entre les sexes, la non violence physique et mentale envers les enfants, le respect de tous les règlements etc.
Il en va de même de toutes les minorités (amérindiennes, linguistiques, ethniques, religieuses etc.)
L’ADAPTATION
Cette adaptation mutuelle faite d’ouverture, de compréhension de l’autre, de mesure d’encouragement et d’incitatifs est un investissement dans la société de demain. Elle devrait respecter le désir légitime des deux parties (majorité et minorité) afin de leur donner le temps nécessaire à l’évolution vers une société : une, juste, heureuse.
Les accommodements seront raisonnables quand ils respecteront les besoins légitimes des deux parties, permettront à chacun de vivre en paix et libre dans l’espace publique du Québec. Voici quelques exemples :
1- On peut consentir des efforts particuliers, de la part de l’enseignant et des élèves de la classe, pour faciliter l’apprentissage d’un enfant d’immigrant qui ne parle ni français ni anglais.
2- Il faut refuser de programmer, pour des raisons religieuses, des leçons de natation séparées pour les filles et les garçons dans les écoles.
3- Il faut permettre de garder la prière chrétienne dans les assemblées des conseils municipaux qui choisissent cette façon pacifique et culturelle de débuter les réunions Il ne faut pas retirer le crucifix du mur de la Salle de l’Assemblée nationale, à Québec. Il ne faut pas supprimer les décorations de Noël dans un lieu de travail ou les institutions publiques parce qu’elles heurtent certaines convictions religieuses.
4- Dans une entreprise, proposer des formules de conciliation travail-famille aux employés exerçant des responsabilités familiales particulières (ayant de jeunes enfants, accompagnant un parent souffrant de maladie chronique…).
Les accommodements représentent des concessions accordées par la majorité qui accueille. Ils ne peuvent donc pas aller à l’encontre de la charte des droits et libertés qui fait partie du contrat social à la base de notre société. Les accommodements sont demandés par tout groupe qui identifie le besoin d’aide pour se conformer à la loi, au règlement, à l’usage existant. Ils ne constituent pas des dérogations à la loi ou des passe-droits permanents mais plutôt des outils qui permettent l’utilisation harmonieuse et l’intégration future.
NOS VALEURS
L’histoire, la culture et le patrimoine québécois sont empreints de tradition chrétienne, d’humanisme créateur et positif qui aideront notre société de demain à évoluer dans l’épanouissement et en harmonie. Il faudra aussi reconnaître la portée universelle de ces valeurs chrétiennes et la conserver afin d’aider les générations futures dans sa recherche identitaire et guider ses choix. Elles ne sont nullement en contradiction avec l’affirmation des libertés individuelles et collectives.
Il n’est pas question de s’en défaire et le RCMO n’hésitera pas à appuyer la démarche de nombreux québécois qui sont fiers de leurs racines et des valeurs humanistes chrétiennes qui sont à la base de notre société actuelle démocratique, égalitaire, libre et humaniste.
Nous pensons que ces valeurs chrétiennes ont été fondatrices et créatrices et que 90% des québécois continuent de s’en prévaloir, les rendant ainsi essentielles à la conservation de notre société d’aujourd’hui et de demain. Les autres religions et croyances seront accueillies avec respect et leurs valeurs grandement appréciées et pourront petit à petit contribuer, de plus en plus, à se greffer à la grande majorité qui formera la société de demain.
RECOMMENDATIONS
Le RCMO demande que notre société québécoise :
1- Demeure tolérante et ouverte à tous, refusant l’exclusion.
2- Reconnaisse la nécessité d’intégration dans l’harmonie, évitant la ghettoïsation physique ou mentale.
3- Conserve le droit à la fierté de ses racines et de son patrimoine chrétien, rejetant le chantage des groupes qui les considèrent comme un obstacle à l’intégration.
4- Procède aux accommodements ‘raisonnables’ nécessaires qui respectent la charte des droits et libertés, le consensus de la majorité, refusant l’intransigeance des minorités.
5- Demande l’ajout à la Charte des droits et libertés de la personne du Québec, la Charte canadienne des droits et libertés, d’une référence à la dimension spirituelle de notre humanité, d’une présence divine qui transcende et inspire les lois à l’exemple de nombreux pays démocratiques, libres, modernes et laïques.
Merci de votre attention
Raouf Ayas, Albert Baho, Elie Chahine, Kamal Karazivan, Fouad Massie, Habib Zaarour
Pour le Rassemblement des Chrétiens du Moyen-Orient (RCMO)