Le projet de société qu’essaient de nous vendre les commissaires ne passe pas chez les francophones. Et ça n’a rien à voir avec une insécurité identitaire maladive ou un refus d’assumer les responsabilités collectives qui nous incombent envers les minorités, comme le suggère M. Bouchard. C’est beaucoup plus profond que cela.
Le multi/interculturalisme est une arnaque
Pour Jean-Jacques Tremblay, «Le projet politique contenu dans le rapport Bouchard-Taylor incarne la vision d’un Québec ouvert car insignifiant, d’une société harmonieuse car informe et insipide, d’un citoyen ouvert d’esprit car incapable de juger, et surtout d’un avenir collectif qui en dernière instance ne sera l’avenir de rien ni de personne. Le rapport est juste assez épais, flou, scolastique et blablateur pour nous garantir que demain sera assurément bordélique.»
Le multiculturalisme, qu’il s’agisse de sa version anglosaxonne ou de sa version francophone appelée « interculturalisme», est une arnaque, comme l’écrivait Jonathan Kay dans le National Post: «…cette doctrine est fondamentalement incohérente. Comment pouvez-vous intellectuellement défendre une doctrine qui prône la « tolérance » envers des cultures importées qui sont fondamentalement intolérantes envers les femmes, les homosexuels, les hérétiques et les infidèles ?»
Se battre pour protéger des acquis
De plus, nous devons nous battre pour préserver des acquis aussi précieux que la liberté d’expression ou pour renforcer le droit à l’égalité des hommes et des femmes. Il y a de quoi frémir à la lecture du rapport de recherche de la commission Bouchard-Taylor sur les médias qui recommande la censure, et qui évoque ce qui se passe dans les régimes totalitaires. Là, on étouffe sous le poids de la Vertu et de la rectitude politique. Comme l’écrivait récemment Mark Steyn dans le magazine Maclean : « Une raison expliquant que nous sommes aujourd’hui obnubilés par le climat, la faune et la flore tient peut-être à ce qu’il s’agit d’un des seuls sujets qu’on puisse débattre sans être traité de raciste ! »
Et que dire des inepties qui, en matière d’accommodements, mobilisent des ressources qui pourraient être consacrées à l’éducation ou à la santé. Quand une garderie se fait traîner devant la Commission des droits puis devant le Tribunal des droits de la personne par un père enragé parce que son petit trésor a mangé des saucisses non halal lors d’une sortie à la cabane à sucre… que le Tribunal rend une décision de 65 pages émaillée de références au droit international… et que la Commission (qui a perdu) songe à amener la garderie devant la Cour d’appel… Il y a de quoi s’insurger contre cet activisme «chartiste» ruineux et brutal. Dans le cas de cette garderie publique, les contribuables paient en outre les frais légaux des deux parties en plus de financer la Commission et le Tribunal. On se moque de nous!
Les Québécois souhaitent que le gros bon sens règne, s’il-vous-plaît!! Revenez sur terre messieurs les universitaires, vous vivez sur une autre planète. Aucun citoyen ou petite entreprise ne peut vivre dans la crainte de poursuites à l’issue incertaine pour des trivialités alimentaires, vestimentaires ou autres. Qui a dit que la majorité a l’obligation de garantir à chacun des membres de toutes les minorités qu’ils ne seront jamais confrontés au moindre petit conflit de conscience? Qui peut se vanter de connaître les derniers développements du droit international sur le droit, ô combien «fondamental», à des saucisses sur mesure!
On s’étonne aussi de l’ignorance de nos commissaires qui ont ouvert chacune de leurs audiences publiques en citant en exemple les accommodements aux aveugles avec chiens guides. Savaient-ils que des groupes de pression islamistes avaient lancé une guerre odieuse contre ces citoyens vulnérables : des chauffeurs de taxi ont invoqué la charia pour refuser de les embarquer avec leurs chiens, ici même au Canada. Il a falllu se battre pour protéger nos aveugles contre la charia.
L’évocation, par Gérard Bouchard, d’une possible spirale de violence des Québécois de souche n’a aucun sens. En fait, elle est insultante, pour ne pas dire démagogique, compte tenu de notre histoire et de notre culture profondément pacifique. D’ailleurs, si l’on se fie aux statistiques canadiennes sur les crimes inspirés par la haine (nous reproduisons plus bas les données publiées il y a deux jours par Statistiques Canada), le Québec est la province où, et de loin, le taux de crimes haineux est le plus bas. Qui est-ce qui «sème la peur» ici?
Nous reproduisons d’abord des extraits d’un article paru dans La Presse qui relate les états d’âme de Gérard Bouchard, suivi des réactions de Jacques Beauchemin et de Mathieu Bock-Côté.
Photo Ivanoh Demers, La Presse
Extraits de: Gérard Bouchard dénonce les nationalistes qui «sèment la peur», par Daniel Lessard, La Presse, le 10 juin 2008
Des «ténors nationalistes» se sont emparés des conclusions du rapport Bouchard-Taylor sur les accommodements raisonnables et tentent actuellement de creuser le clivage entre les Québécois et les nouveaux arrivants. On sème la peur, on exacerbe la méfiance collective au risque «d’affaiblir la nation québécoise». –
Hier, la mise en garde est tombée, drue. Elle vient de Gérard Bouchard, le coprésident de la commission qui, le mois dernier a déposé son rapport fort attendu sur la question des accommodements raisonnables. Publié aujourd’hui dans les pages Forum de La Presse, l’appel à la responsabilité de l’universitaire souverainiste du Saguenay vise, à regret, précise-t-il, «certains représentants de la famille politique à laquelle (il appartient) depuis plus de quarante ans». (…)
Les porte-parole de tous les partis, de toutes tendances «doivent faire preuve de vigilance, de prudence et de responsabilité», souligne l’universitaire. Le Québec «sort à peine d’une période de turbulence, il est peut-être venu près d’un véritable dérapage et la situation reste très volatile», prévient-il.
Pour M. Bouchard (…) est surtout piqué au vif parce que certains l’ont accusé «d’avoir manqué à (son) devoir (…) qui était de veiller aux intérêts du groupe majoritaire» dont il est issu».
«Profondes déformations»
Parlant de « profondes déformations » des recommandations du rapport, M. Bouchard s’en prend surtout à «quelques leaders nationalistes qui sont en train de prendre l’initiative du débat pour lui imprimer une orientation néfaste, susceptible de creuser des clivages ethniques et d’instituer des tensions déplorables entre Québécois». (..)
M. Bouchard s’en prend au passage à ceux qui cultivent «l’insécurité, l’angoisse identitaire» de la majorité francophone. «Voilà exactement le genre de discours propre à affaiblir la nation québécoise en la divisant et à la ramener en arrière au temps de la survivance peureuse et frileuse dont chacun, avec raison, veut prendre congé», a lancé M. Bouchard. «À tant insister sur la faiblesse des Québécois d’origine canadienne-française (…) on n’ose plus souligner les responsabilités collectives qui leur incombent (comme à tout groupe majoritaire au sein d’une nation)», précise M. Bouchard.
Répliques de Jacques Beauchemin et de Mathieu Bock-Côté, dans:
Mis en cause implicitement dans la philippique de M. Bouchard, le sociologue de l’UQAM, Jacques Beauchemin, qui a fait partie du comité-conseil de la Commission, estime que, comme «à son habitude», M. Bouchard «transforme l’objet d’une controverse en malentendu et accuse ses critiques de mécompréhension ou de tirer une interprétation erronée de sa pensée. Autrement dit, Bouchard a peine à admettre qu’il s’agit en réalité de désaccords».
Auteur de La Dénationalisation tranquille (Boréal) et très critique de la pensée de Gérard Bouchard, Mathieu Bock-Côté s’étonne que le sociologue ait encore une fois évoqué une situation «volatile». «De quoi parle-t-il de manière si énigmatique? Évoque-t-il de possibles violences? Si tel est le cas, Gérard Bouchard est absolument déconnecté de la réalité québécoise et semble aspiré dans une vision fantasmatique d’une majorité francophone potentiellement intolérante, ce qui correspondrait par ailleurs à ses précédentes analyses lorsqu’il affirmait que la majorité francophone, justement, était carencée sur le plan démocratique dans ses rapports avec la diversité culturelle.»
Les crimes motivés par la haine au Canada et au Québec
Selon le rapport intitulé «Les crimes motivés par la haine au Canada» portant sur 2006 diffusé il y a 2 jours par le Centre canadien de la statistique juridique, les crimes haineux constituent moins de 1 % de toutes les affaires criminelles déclarées par la police. La moitié de tous les crimes haineux étaient des infractions contre les biens, alors que le tiers étaient des infractions violentes contre la personne.
Le Québec affiche le taux le plus bas de crimes haineux (1,4 affaires par 100.000 habitants) derrière la Colombie-Britannique (2,4) et l’Ontario (4,1). Dans la catégorie des crimes haineux motivés par la religion, près des deux tiers (63%) ont visé des Juifs, alors que 21 % ont été commis contre des musulmans et 6%, contre des catholiques. Il n’y a donc pas d’islamophobie rampante au Québec ou au Canada qui menace la personne ou la propriété des musulmans. Notons qu’il n’y a pas de données sur la race ou la religion des auteurs des crimes haineux.
Voir aussi:
Rapport Bouchard-Taylor : fabriquer l’Homme Nouveau par la dictature de l’harmonie
Libéralisme nord-américain plutôt qu’étatisme républicain, par Jean-Jacques Tremblay
Rapport Bouchard-Taylor : la tentation totalitaire, par Mathieu Bock-Côté
Le “train” de Gérard Bouchard – M. Bouchard avez-vous perdu le Nord ?
Commission Bouchard et Taylor : NON au pacte de suicide !
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