«La réforme proposée à la Commission des droits de la personne de Victoria rappelle avec effroi la situation au Canada, où des agences officielles de l’État poursuivent les citoyens pour le crime de pensées non politiquement correctes. Aucune société ouverte ne peut supporter longtemps un soi-disant droit de ne pas être offensé, car le prix en libertés perdues est beaucoup trop élevé. Toute tentative visant à protéger nos tendres sensibilités par la censure du gouvernement ne fait que saper nos libertés, et nous infantilise tous». – Mitch Fifield , sénateur libéral de Victoria
Sur un sujet connexe, lisez: Débat en Australie sur l’opportunité d’adopter une Charte fédérale des droits et libertés
Traduction de: Personal freedom under fire, par Mitch Fifield, The Australian, le 20 août 2008
Attaque contre la liberté
Si l’enfer est pavé de bonnes intentions, les bureaucrates des droits de l’homme posent le bitume. Cela pourrait être le cas à Victoria si le Premier ministre John Brumby accepte les recommandations visant à renforcer les pouvoirs de la Commission de l’égalité des chances et des droits de la personne.
Ces propositions émanent de l’ancien défenseur public, Julian Gardner, qui a été mandaté par le gouvernement travailliste de l’État pour revoir le Victoria’s Equal Opportunity Act. Ces propositions présentent un danger clair et actuel pour certains de nos droits démocratiques fondamentaux.
Gardner recommande d’accorder à la Commission des pouvoirs d’introduction, de fouille et de saisie. Il appliquerait les règles de Alice au pays des merveilles à un pilier central de notre système juridique de common law. À l’instar de la Reine de Cœur qui s’écrie : « Qu’on lui coupe la tête » pour ensuite seulement tenir un procès, Gardner renverserait le fardeau de la preuve de l’accusateur à l’accusé. Toute personne soupçonnée de malveillance par la Commission serait considérée coupable jusqu’à preuve du contraire.
Selon le projet de réforme de Gardner, la loi n’a pas besoin d’être enfreinte avant que la Commission entre en scène. Comme pour les pré-crimes dans le film Minority Report de Tom Cruise, les enquêteurs pourraient enquêter sur toute situation où une violation est sur le point de se produire.
C’est Orwellien.
La recommandation de Gardner de déléguer le pouvoir d’exécution au Tribunal civil et administratif de Victoria n’est pas très réconfortante. Après tout, c’est le vice-président de ce Tribunal, Michael Higgins, qui a imposé un bâillon perpétuel à un pasteur chrétien évangélique qui a fait des commentaires peu flatteurs sur l’islam. Higgins a interdit au pasteur Danny Nalliah «de faire, de publier ou de distribuer à Victoria (y compris sur Internet), par écrit ou oralement, directement ou indirectement, toute déclaration ou suggestion identique ou similaire à celles que le Tribunal a considéré contraires à la Loi sur la tolérance religieuse et raciale».
Tout cela rappelle avec effroi la situation au Canada, où des agences officielles de l’État poursuivent les citoyens pour le crime de la pensée non politiquement correcte. Les commissions fédérale et provinciales des droits de la personne du Canada ont été créées pour lutter contre la discrimination dans le logement et l’emploi. Mais ces organismes quasi-judiciaires se sont métastasés en tribunaux partisans de la Chambre étoilée (Star Chamber) qui déposent sélectivement des accusations contre ceux qui épousent des croyances politiques ou religieuses conservatrices.
Le pasteur Stephen Boissoin s’est brouillé avec la Commission des droits de la personne de l’Alberta quand il a écrit une lettre dans un journal endossant une vue biblique traditionnelle de l’homosexualité. La Commission a qualifié cette déclaration de foi de «propagande haineuse» et lui a infligé une amende de 5000 $. Boissoin a également reçu l’ordre de «cesser à l’avenir la publication dans les journaux, par courriel, à la radio, dans des prêches ou sur Internet, de remarques peu flatteuses sur les gays et les homosexuels».
Ce cas de censure n’est pas le seul où les principes de la démocratie canadienne ont été sacrifiés sur l’autel de la bureaucratie des droits de l’homme. L’éditeur de magazine Ezra Levant a été assigné devant la Commission des droits de la personne pour avoir republié les caricatures controversées de Mahomet qui avaient paru dans le journal danois Jyllands-Posten. Et le fameux chroniqueur Mark Steyn a été poursuivi pour avoir dénigré les terroristes islamiques.
La liberté de conscience et la liberté d’expression sont les droits démocratiques les plus fondamentaux. Ces libertés sont les pierres angulaires d’un gouvernement représentatif parce qu’en leur absence, notre système parlementaire s’effondrerait.
Mais la liberté d’expression n’a de réelle signification que si elle est garantie à ceux dont vous méprisez les vues.
Bien que le racisme et le sexisme soient des choses méprisables, la suppression de la démocratie au nom de la lutte contre l’intolérance est beaucoup plus méprisable et dangereuse.
La liberté politique à Victoria est davantage menacée par la censure de la Loi sur la tolérance raciale et religieuse que par les expressions non violentes d’intolérance. Les apparatchiks des droits de l’homme qui prétendent que les vitupérations de quelques néo-nazis dérangés sont le prélude d’une nouvelle Nuit de Cristal sont des pessimistes sociaux qui ont peu foi en la démocratie australienne. La dernière chose dont nous avons besoin est d’accorder des pouvoirs accrus à la Commission des droits de la personne qui auraient pour effet de créer une brigade de police de crimes de la pensée sur stéroïdes.
Les Australiens ne sont pas autorisés à voter avant l’âge de 18 ans parce que la participation politique exige un certain niveau de maturité. Et la maturité doit impliquer à son tour la capacité de supporter les flèches des insultes verbales. Toute personne qui doute du rôle central des discussions robustes dans la démocratie de Westminster devrait assister à quelques séances de la période des questions au Parlement.
Aucune société ouverte ne peut supporter longtemps un soi-disant droit de ne pas être offensé, car le prix en libertés perdues est beaucoup trop élevé. Toute tentative visant à protéger nos tendres sensibilités par la censure du gouvernement ne fait que saper nos libertés, et nous infantilise tous.
Plutôt que de donner de véritables dents à la Commission, la Garde prétorienne du politiquement correct devrait être limitée à des dentiers légaux.
Voir aussi:
Débat en Australie sur l’opportunité d’adopter une Charte fédérale des droits et libertés
Caricatures de Mahomet : La saga Ezra Levant (la suite, mais c’est loin d’être la fin)
Staline, Hitler, Pol Pot… et maintenant Macleans/Mark Steyn ?
Réprimer la liberté d’expression au niveau mondial, par L. Savage, Maclean’s
Libéralisme nord-américain plutôt qu’étatisme républicain, par Jean-Jacques Tremblay