Plus de 300 personnes reliées à une fraude massive de la citoyenneté: elles prétendaient avoir la même adresse.
Par Par Joe Friesen
Le Globe and Mail, publié le 1er février 2010
Traduction Point de Bascule
Plus de 300 personnes, affirmant résider à la même adresse en Ontario, font l’objet d’une enquête de la GRC. Cette affaire pourrait être un des cas les plus importants de fraude de la citoyenneté. L’adresse donnée est celle de la Palestine House, un centre de Mississauga qui offre des cours de langues et des services aux nouveaux immigrants et qui défend également des causes palestiniennes et arabes.
Les juges de la citoyenneté ont été informés de ce dossier l’an dernier et prévenus de surveiller le grand nombre de demandes d’immigrants mentionnant cette adresse.
La GRC n’a pas voulu infirmer ou confirmer qu’une enquête est en cours.
Le ministre fédéral de l’immigration Jason Kenny n’a pas voulu commenter cette affaire, mais a fait savoir que des responsables de l’application de la loi de l’immigration lui ont parlé cette fraude. Le ministre ajoute qu’il s’agit d’une affaire qui préoccupe de plus en plus.
Le ministre a ajouté: «Il y a un certains nombre d’enquêtes policières en cours portant sur des personnes à l’étranger qui ont retenu les services de consultants au Canada pour leur fournir des preuves de résidence au pays, pour se conformer à l’exigence de résidence trois ans pour obtenir la citoyenneté, alors que ces personnes vivent constamment à l’étranger.»
Un des facteurs qui inciteraient à commettre ce genre de fraude est que les échelles salariales des travailleurs étrangers varient selon leur nationalité. À Dubaï, par exemple, un travailleur détenant un passeport canadien peut obtenir un meilleur salaire que les détenteurs de passeports de nations pauvres.
Il n’y a personne qui réside à la Palestine House, une sorte d’édifice scolaire avec des classes au rez-de-chaussée et, au deuxième étage, des bureaux loués à des petites entreprises. En avril dernier, le centre a reçu 2,4 millions de dollars du ministère de l’Immigration pour dispenser des cours d’anglais.
Un administrateur de l’immeuble, qui a accepté de parler à la condition de ne pas être identifié, croit que l’enquête est reliée à un des bureaux au deuxième étage. Il a souligné que ces bureaux sont loués à des groupes privés qui n’ont d’autres rapports avec la Palestine House que d’être sous le même toit.
Il a révélé qu’il a trouvé des enveloppes brunes du gouvernement adressées à des gens qui n’ont jamais vécu ou travaillé à la Palestine House. Ces enveloppes contenaient des chèques du programme de Prestation nationale pour enfants, mais les bénéficiaires ne vivaient pas au Canada. C’est après avoir constaté cette anomalie qu’il a prévenu la GRC, vers la fin de 2007.
Il ajoute que la personne qui fait l’objet d’une enquête n’a plus de bureau dans l’immeuble et qu’on ne l’a pas revu depuis plus de deux ans.
On ignore combien des quelques 300 demandeurs de la citoyenneté, qui ont donné pour adresse celle de l’immeuble de la Palestine House, ont obtenu la citoyenneté, ou si ces demandes font toujours l’objet d’une évaluation. Il est possible que certains demandeurs résidaient au Canada et ont présenté des demandes légitimes tout en donnant pour adresse postale celle de la Palestine House.
Pour obtenir la citoyenneté canadienne, un résident permanent doit prouver qu’il a vécu au Canada au moins trois des quatre ans précédant sa demande. Les avantages liés à la citoyenneté sont considérables et incluent notamment la couverture des soins de santé et des frais de scolarité à l’université.
Lire et voir aussi:
La «passe» des passeports, Radio-Canada
Des sympathisants terroristes qui siègent sur la Commission du statut de réfugié
Pourquoi notre système d’accueil des réfugiés reste-t-il dysfonctionnel?
Immigration «Québec»: Plus de volume et moins de contrôle ?
Des lobbies musulmans façonnent la politique étrangère canadienne
Procès Khawaja – L’ennemi intérieur, par David Harris