Pendant que l’Europe ricanait
Le caricaturiste Kurt Westergaard et d’autres braves critiques du fanatisme musulman continuent de se défendre seuls.
Par Bruce Bawer
City Journal le 5 janvier 2010
Traduction Point de Bascule
Hier un ami m’a envoyé l’hyperlien d’un article intitulé « Folies eurabiennes» de la revue Foreign Policy. L’auteur, Justin Vaïsse, critique plusieurs auteurs, dont moi-même, qui ont sonné l’alarme au sujet de l’islamisation de l’Europe au cours des dernières années. Pour toute réponse à la montagne des faits rassemblés par ces auteurs Vaïsse se contente de réagir comme le font beaucoup de journalistes par des sarcasmes hautains et condescendants. Sa thèse: l’Europe s’en sort très bien et que l’islam ne menace pas les libertés et à la prospérité de l’Europe, puisqu’après tout, «les experts » l’affirment!
Qu’importe que les systèmes d’aide sociale soient drainés par les familles musulmanes, qu’importe l’augmentation du nombre de viols et d’agression contre les homosexuels et les juifs, la multiplication des crimes d’honneur et les mariages forcés et l’établissement de zones interdisent aux non-musulmans? Qu’importe les meurtres de Pim Fortuyn et Theo Van Gogh par des fanatiques offensés qu’ils aient critiqué l’islam. Qu’importe les menaces proférées contre les critiques de l’islam, comme Geert Wilders, Ayaan Hirsi Ali, Robert Redeker, qui sont obligés de vivre dans la clandestinité et sous protection policière.
L’article de Vaïsse a paru à un bien mauvais moment pour lui, car il a paru alors qu’un Somalien tentait de faire exploser un avion au dessus des États-Unis et qu’un fanatique tentait d’assassiner Kurt Westergaard, le célèbre caricaturiste danois du journal Jyllands-Posten qui a dessiné le prophète Mahomet portant un turban avec une bombe. Ne mentionnons même pas les mille voitures incendiées dans les villes françaises, le jour de l’An: actes de vandalisme qui sont en train de devenir une tradition chez les jeunes musulmans.
L’article de Vaïsse m’est parvenu le jour même où j’ai appris qu’une amie très chère, Hege Storhaug avait aussi été agressée pour avoir critiqué l’islam. Hege est une ex-journaliste et militante pour les droits des femmes dont les reportages sur le traitement des femmes et les jeunes filles dans les communautés musulmanes en ont fait une importante critique de l’islam en Norvège. A de nombreuses reprises, elle a couru des risques très graves en prenant la défense de femmes confinées à leur domicile, n’ayant pas le droit de s’instruire ou d’avoir une carrière, victimes ou potentiellement victimes de crimes d’honneur, de mutilations sexuelles, de mariages forcés et soumises à toute sorte de brutalités physiques, émotionnelles ou sexuelles.
En 2006, son livre But the Greateat of All is Freedom: On the Consequences of immigration a été un grand succès de librairie en Norvège qui a suscité la controverse. À l’époque, Hege vivait dans le quartier de Kampen, près d’Oslo. Au fur et à mesure que son livre se vendait et était attaqué par les médias, elle a observé de plus en plus d’affiches montrant sa photo avec un X sur le visage et où il était écrit NON AUX RACISTES À KAMPEN. Puis, un jour, comme elle le raconte dans un récit poignant sur le site de la petite organisation de défense des droits de l’homme où elle travaille un ou plusieurs individus sont entrés chez elle, l’ont battue et l’ont laissée inconsciente, gisant dans une mare de sang. Rien n’a été volé. Cela s’est passé le 1 janvier 2007, trois ans exactement avant la tentative d’assassinat du caricaturiste Kurt Westergaard.
Hege a gardé cela secret craignant, en le révélant cette agression, de dissuader d’autres personnes de critiquer l’islam. Ce n’est que tout récemment qu’elle a signalé cette agression à la police et seulement après qu’un ami avocat eut obtenu l’assurance que sa plainte ne serait pas rendu publique. Mais l’augmentation constante de la violence musulmane en Europe, menant à la tentative d’assassinat du caricaturiste Westergaard, l’a incité à changer d’idée et à révéler l’agression qu’elle a subie. Elle a voulu souligner également que de nombreux journalistes et chroniqueurs, comme Vaïsse, sont devenus des complices de cette violence en refusant de la prendre au sérieux ou simplement de la constater. Elle estime qu’il est temps de débattre de montée de la violence musulmane sur la place publique et d’en peser les conséquences.
Il faut souligner que pendant des années, Hege a été la cible d’une campagne de salissage et de dénigrement impitoyable et incessante de la presse de l’extrême gauche norvégienne. Elle est devenue «l’ennemie publique numéro un» non seulement des radicaux islamistes, mais aussi des communistes et des socialistes (qui sont nombreux à Oslo) et que Hege a appelé «les antiracistes organisés» parce qu’ils sont regroupés dans de nombreuses organisations financées par le gouvernement. Ces organisations prétendent être des opposants libéraux au racisme alors qu’elles défendent les valeurs les plus antilibérales des cultures immigrantes. Hege doute que ses assaillants aient été des musulmans. Elle pense plutôt qu’il s’agissait de partisans de l’extrême gauche, qui prolifèrent dans des quartiers comme Kampen et qui font cause commune avec les islamistes. Hege est également convaincue – comme je le suis – que les médias, à force de la qualifier de raciste et d’islamophobe, ont influencé ses agresseurs. Ce n’est pas difficile à croire. Après tout, c’est la diabolisation du politicien Fortuyn par la presse néerlandaise qui a mené à son assassinat alors qu’il était en voie de devenir premier ministre.
Hege croit que si tous les journaux d’Europe avaient publié les caricatures danoises «il aurait été beaucoup plus difficile pour l’islam radical d’établir le climat de tension et de malaise qu’on observe partout en Europe: les gens ne sont pas seulement victimes d’incivilité, d’agression ou de tentative de meurtre, mais voient s’éroder leurs libertés dans le quotidien. C’est pour cela que Kurt Westergaard ne peut pas sortir de chez lui sans surveillance policière, de même que Robert Redeker et cela au pays de Voltaire!» Et elle se demande: «Est-ce que l’Europe va réagir de façon suffisamment ferme… pour bien faire comprendre qu’elle ne renoncera jamais à ses valeurs fondatrices? Ou bien est-ce que les commentateurs de tout poil et les politiciens vont continuer de céder pouce par pouce aux pressions des islamistes? Elle nous avertit que si nous n’osons pas dire ce que nous pensons vraiment, ce que nous avons au fond du cœur, nous risquons tous de subir le sort de Kurt Westergaard. Mais n’allez pas surtout pas dire cela aux “experts” de la revue Foreign Policy.
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Bruce Bawer est l’auteur de Surrender: Appeasing Islam, Sacrificing Freedom
Il blogue à http://www.brucebawer.com