L’Église catholique se prépare à affronter l’islam politique
Le Pape convoque un synode sur le Moyen-Orient pour souder la diaspora chrétienne.
De l’envoyé spécial à Rome du Figaro, Jean-Marie Guénois
Le Figaro, le 20 janvier 2010
Commentaire:
Mieux vaut tard que jamais, le pape a enfin pris une position claire, dénonçant les ravages causés par l’islam politique tout en exposant les sévices subis par les chrétiens d’Orient. Il ne faudrait pas oublier, par contre, que des sikhs, des hindous, des bouddhistes, des juifs et des animistes sont aussi quotidiennement victimes de l’islamisme, sans parler de nombreuses autres minorités religieuses.
En Malaisie, depuis l’adoption de la charia, la maltraitance et les injustices ethno-religieuses ne cessent d’augmenter, la situation des hindous et des bouddhistes qui y vivent s’approchant de plus en plus de celle des chrétiens du Moyen-Orient. Et que dire de la maltraitance des Turques envers ses minorités non musulmanes, avec des lieux de culte chrétiens expropriés par l’État? Devons-nous aussi oublier le cas de la Thaïlande, qui subit depuis plusieurs années la montée en flèche d’un radicalisme islamique huilé par l’argent des pays du Golfe? Des milliers de bouddhistes et de musulmans y ont été assassinés, dont plusieurs centaines par décapitation…
Pensons aussi au cas d’Abu Bakar, né Mr. Lennox Philip, qui après s’être converti à l’islam alors qu’il était étudiant à l’Université McGill, a tenté un coup d’État à Trinidad au début des années 90. Son objectif? Instaurer un Califat, et ce, alors que l’île comptait moins de 4% de musulmans. Le résultat? Des dizaines de morts: hindous, chrétiens et musulmans. Et le sud des Philippines, lui, subit toujours les affres qu’engendre la montée du radicalisme islamique.
À cause de la violence islamique, presque un million d’hindous ont dû quitter le Cachemire. Au Bangladesh, la population hindoue, déjà génocidée en 1973, est aujourd’hui victime de lois injustes fondées sur les principes de la charia. Pensons aussi au Timor-Oriental, aux chrétiens ET aux animistes du Sud Soudan, aux chrétiens ET aux animistes du Nigéria, etc.
Une des principales racines du problème: l’islamisme financé par les pays du Golfe avec la complicité des pays nord-africain et des pays musulmans non arabes. Il faudrait que le Pape et le Vatican cessent de jouer la carte du dialogue interreligieux avec les tenants et adhérents de l’islam « politique », une « idéologie » politico-religieuse des plus néfastes.
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– Marc Lebuis
Le Figaro:
Le Pape convoque un synode sur le Moyen-Orient pour souder la diaspora chrétienne.
Le sort des dix-sept millions de chrétiens du Moyen-Orient – dont 5millions de catholiques particulièrement affectés par une diaspora vers l’Occident – préoccupe beaucoup Benoît XVI. Il convoque à Rome, du 10 au 24octobre prochain, l’ensemble des cent cinquante évêques résidents des dix-sept pays concernés, et des experts, pour un «synode spécial».
Une première feuille de route, les «lineamenta», a été publiée mardi au Vatican. Ce document de trente pages est destiné aux communautés chrétiennes locales qui vont en débattre.
En attendant, jamais un document officiel de l’Église catholique n’a exprimé aussi clairement les difficultés posées par la montée de l’islam politique. Le ton est donné: «ces courants extrémistes sont une menace pour tous, chrétiens et musulmans, et nous devons les affronter ensemble». Car, «avec la montée de l’intégrisme islamique, les incidents contre les chrétiens augmentent un peu partout». Ils sont liés à «des groupes fondamentalistes islamiques qui se diffusent de plus en plus».
Bien sûr, «l’occupation israélienne des Territoires palestiniens» est dénoncée mais l’analyse, pays par pays, charge plutôt un des deux plateaux de la balance. En Irak? «les chrétiens ont été une des principales victimes». En Égypte? «l’islamisation pénètre (…) modifiant les mentalités qui s’islamisent inconsciemment». En Turquie? «le concept actuel de laïcité pose encore des problèmes à la pleine liberté religieuse du pays».
Autre difficulté, les conversions. Le chrétien, lui, reste «libre de le faire» mais souvent «la conversion n’est pas par conviction religieuse, mais pour des intérêts personnels ou sous la pression du prosélytisme musulman».
Éviter l’«attitude de ghetto»
Le texte dénonce également le sort de chrétiens immigrés issus des Philippines, d’Inde et du Pakistan. Travaillant dans les pays du Golfe, «ces femmes et ces hommes sont souvent l’objet d’injustices sociales, d’exploitation et d’abus sexuels». Autre critique, les relations entre la religion et l’État: «les relations sont parfois, voire souvent, difficiles, surtout du fait que les musulmans mêlent souvent religion et politique, ce qui met les chrétiens en situation délicate de non-citoyens.» Dernière salve, la liberté de conscience: «quant à la liberté religieuse et à la liberté de conscience, elles sont inconnues dans la mentalité musulmane».
Dans ce contexte, les chrétiens, «faible minorité», ne doivent pas tomber dans «l’attitude de ghetto» ni se laisser tenter par l’émigration qui «s’est accentuée». Même s’ils sont divisés, ils doivent travailler entre eux pour «la communion et le témoignage», thèmes du synode. Alors, avec «un grand nombre de musulmans» disponibles pour «lutter contre cet extrémisme religieux croissant», ils pourront «maintenir la foi chrétienne en ces terres saintes».
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