Le costume religieux : un signe subversif?
Par Raymond Gravel
Hedo Rive Nord.com, LeTraitd’union.com,
20 février 2010
Dans Le Devoir du 11 février dernier, on avait droit à un cours de sociologie du vêtement 101, par l’anthropologue athée Daniel Baril, qui affirmait que le costume religieux n’est pas insignifiant sur le plan symbolique et qu’il doit être interdit dans la fonction publique.
Il écrit : «Le langage non verbal du vêtement religieux ou signe distinctif exprime le fait non seulement que la personne est croyante, mais aussi qu’elle professe telle ou telle religion, avec tout son système de valeurs et de croyances, et qu’elle en fait une interprétation fondamentaliste puisqu’elle place son appartenance religieuse au-dessus de sa fonction professionnelle». Il est vrai que le costume religieux identifie le porteur, mais en quoi est-ce automatiquement une interprétation fondamentaliste que de signifier son appartenance religieuse? Le costume religieux serait-il devenu subversif? Qu’on exige la neutralité de l’État est une chose, mais qu’on oblige les personnes qui y travaillent à faire semblant de l’être, c’est hypocrite et abusif. Nul besoin d’un costume pour pratiquer l’endoctrinement et le prosélytisme. (Ndlr: Par exemple, Madame Leila Bedeir, porte parole de Présence musulmane, une organisation “islamiste” ne porte pas de voile)
Dans une société laïque comme la nôtre, peut-on porter un costume ou un signe religieux sans nier la neutralité de l’État et sans enfreindre la liberté des autres? Je crois que oui ! C’est évident que le vêtement ou le signe arborés doivent répondre à certains critères de sécurité et de transparence; par ailleurs, on ne peut imposer ni interdire le port d’un costume, sous prétexte que celui-ci n’exprime pas le modèle social attendu et que les usagers des services publics n’ont pas à être soumis à ce langage non verbal signifié par le costume. (Ndlr: porter une croix autour du coup, ou le bidou ce point rouge que les femmes hindous portent entre les yeux sont-ils des symboles qui menacent la neutralité de l’État ou la démocratie ?)
Personnellement, je me méfie davantage du langage verbal des intégristes religieux ou laïques qui font preuve d’intolérance envers tous ceux et celles qui ne partagent pas leurs vues. Sur le sujet, j’appuie le manifeste pour un Québec pluraliste qui reconnaît que l’interdiction de signes et de vêtements religieux de la part des représentants de l’État ne répond à aucune nécessité sociale et serait même disproportionnée par rapport aux objectifs de neutralité des services publics. On peut déplorer certains costumes qui nous apparaissent rétrogrades et inesthétiques : le voile islamique, le turban sikh, la soutane des prêtres, la cornette des sœurs catholiques ou encore l’accoutrement des juifs hassidiques, mais les interdire produirait exactement le contraire du but recherché : ça inciterait plus de gens à les porter.
(Ndlr: Point de Bascule rejette le manifeste pour un Québec pluraliste)
Les costumes et les signes religieux que l’on porte au Québec sont inoffensifs, lorsqu’ils ne sont que des symboles religieux. Là où ils deviennent subversifs, c’est lorsqu’ils sont utilisés à des fins politiques, par des intégristes qui s’opposent à la laïcité de la société québécoise et qui nient les valeurs culturelles et religieuses de la majorité. Sans même s’en rendre compte, le laïciste Daniel Baril fait le jeu de ces intégristes en voulant retirer tout symbole religieux traditionnel de l’espace public. Comme le dit bien Marc Lebuis, dans un article du Devoir du 15 février : «Le problème actuel, au Québec et encore plus ailleurs, ce n’est pas la religion en général, mais bien l’Islam politique, une idéologie rétrograde aux visées clairement expansionnistes et aux ambitions totalitaires». C’est pourquoi le crucifix sur le mur de l’Assemblée nationale n’est pas dangereux; mais l’endoctrinement idéologique de certains mouvements politico-religieux l’est beaucoup plus. Peut-être que M. Baril pourrait s’y intéresser !
Note de la rédaction (Ndlr)
Dans la lettre signé par Marc Lebuis au nom de l’équipe de Point de Bascule et publié dans Le Devoir du 15 février dernier , Lebuis apporte les quatre actions minimales nécessaires qui doivent être entreprises pour s’attaquer au problème de l’islamisme (islam politique et militant) au Québec.
Selon Point de Bascule…
1) L’État devrait déclarer que l’islamisme, hard et soft, est une doctrine politique antidémocratique et totalitaire. Le système d’éducation, quant à lui, devrait relayer à tous et toutes cette vérité élémentaire.
2) Les acteurs publics et médiatiques qui relativisent le phénomène islamiste devraient recevoir le même traitement que s’ils faisaient l’apologie de la malaria.
3) Les politiques d’immigration devraient être réformées de manière à minimiser autant qu’humainement possible la quantité de musulmans fondamentalistes au Québec.
4) Le voile islamique devrait être interdit dans les organisations publiques et parapubliques non pas en tant que signe religieux, mais en tant que symbole politique. Une caissière de la SAQ, par exemple, ne peut pas porter de casquette arborant le logo du NPD. Le problème des Commissions des droits de la personne et de certains de nos plus hauts tribunaux, c’est avant tout l’incapacité de mettre une limite à ce qui peut-être classé comme du religieux. Tant pis pour eux.
À propos de Raymond Gravel:
- Raymond Gravel est un prêtre catholique et un homme politique québécois. Il a été le député bloquiste de Repentigny à la Chambre des communes du Canada. Le 29 octobre 2006, il est choisi par acclamation pour être le candidat du Bloc québécois. Il doit abandonner momentanément son ministère pour exercer ses fonctions politiques. Il est le premier prêtre québécois à se faire élire à la Chambre des communes du Canada. Par la suite il est sommé par le Vatican d’abandonner soit sa prêtrise, soit sa fonction de député. Il choisit alors de ne pas se présenter aux prochaines élections fédérales.
Source: Wikipédia
Lire aussi:
Le problème central, c’est la montée de l’islam politique, et non les signes religieux
Une charte de la laïcité ne réglerait rien sur le fond
Par Marc Lebuis au nom de l’équipe de Point de Bascule
Publié dans Le Devoir le 15 février 2010