Depuis une dizaine d’années, le phénomène des mariages temporaires « sans obligations », appelés mariages misyar, s’est répandu chez les sunnites, surtout en Arabie saoudite et dans les autres pays du Golfe. Ces mariages offrent une couverture religieuse à la prostitution (évitant sans doute la mort par lapidation ou flagellation…).
Ils offrent aussi une réponse religieusement sanctionnée aux besoins sexuels des jeunes musulmans, y compris ceux qui vivent en Occident. Comme pour les mariages arrangés frauduleux, ils peuvent aussi servir à obtenir des visas d’entrée dans un pays occidental ou pour le trafic des femmes et des enfants. Ils alimentent également le tourisme sexuel arabe et d’autres formes de trafic de personnes dans des pays comme l’Inde et l’Indonésie.
L’Égypte connaît une vague sans précédent d’enfants abandonnés. Les mères victimes de ces mariages temporaires (contractés le plus souvent avec des saoudiens) se dépêchent d’abandonner leurs bébés peu de temps après la naissance, d’autres se font littéralement acheter leur nouveaux-nés pendant leur séjour en maternité. C’est souvent les infirmières qui servent d’intermédiaires dans ce commerce d’enfants. Les destinataires sont habituellement des femmes arabes aisées de l’Arabie saoudite, du Koweït ou des émirats.
Dar al-Ifta d’Egypte autorise le mariage al mysiar
alwatan.com.sa— Dar al-ifta d’Egypte (Institution émettant les avis juridiques religieux) a émis une fatwa hier autorisant le mariage al misyar (le mariage du voyageur), le considérant “comme un mariage légitime et reconnu à condition qu’il soit conforme aux principes du mariage islamique usuel”.
Dar al-Ifta a affirmé que “le mariage al misyar qui respecte les conditions religieuses, et qui est écrit par une personne compétente est un mariage légitime. Les époux doivent toutefois se mettre d’accord dans le contrat que le mari ne cohabite pas avec l’épouse mais lui rend visite occasionnellement. C’est un mariage correct qui implique tous les droits légitimes du mariage, excepté ce que la femme en fait concession de son plein gré”.
Dar al-Ifta a expliqué dans un communiqué que le mariage al misyar n’est pas en contradiction avec la position de la section de recherches de Dar al ifta, ni avec ce qui a été décidé par l’institution de recherches islamiques d’al-Azhar, à ce sujet.
Par ailleurs, il n y a aucun rapport entre le mariage al-misyar et le mariage Orfi (concubinage) non écrit officiellement, ou le mariage secret. Néanmoins, le juge peut empêcher le mariage al misyar s’il y a un intérêt dans son interdiction et si sa poursuite porte atteinte à la stabilité sociale et familiale, comme le fait que les gens y ont recours systématiquement, ce qui peut nuire à l’image traditionnelle et idéale du lien matrimonial.
Le communiqué ajoute que “le mariage al misyar ne constitue point une humiliation pour l’homme ou pour la femme, ou une violation des droits de l’Homme”. Il prouve toutefois “la capacité d’adaptation de la sainte religion à satisfaire tous les besoins humains de la femme et de l’homme, selon les cas, les circonstances et les époques à travers des solutions légitimes qui empêchent de tomber dans le péché et l’interdit social”.
Voir aussi:
Le mariage temporaire en droit islamique – une violence sociale légitimée
Enfants vendus aux enchères en Égypte – les Arabes achètent