Poursuivant son analyse de la psychologie du djihadiste et de l’idéologie qui l’anime, notre collaborateur Helios d’Alexandrie parle de la guerre que livrent les islamistes à l’Occident, qui, par excès de tolérance et de rectitude politique, risque d’être totalement désarmé et, sans le savoir, bien engagé sur le chemin de la capitulation. Lisez et relisez son texte, qui fait la synthèse du message que nous véhiculons sur le site. Réveillons-nous, soyons islamolucides! – Marc Lebuis
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Comment on devient dhjiadiste, par Helios d’Alexandrie
Dans un article précédent intitulé Comment on devient islamiste j’ai démontré à partir du témoignage de Tawfik Hamid, un ancien djihadiste, comment la peur de l’enfer constitue la base de l’islamisation des esprits. Dans le présent article je me propose d’aller plus loin en analysant la mentalité djihadiste, ou comment l’islamiste qui se consacre au djihad réussit à surmonter cette peur de l’enfer. Je me propose également d’exposer les fondements théologiques du djihad que les islamistes mènent contre l’occident et d’examiner la démarche des musulmans modernistes qui s’opposent à l’interprétation littérale du coran.
La mentalité djihadiste, ou la peur de l’enfer
Cette peur de l’enfer qui hante les musulmans, le jeune islamiste ne peut la surmonter tout seul, il a besoin d’une aide extérieure, elle lui est fournie par les organisations djihadistes qui souvent cachent leurs intentions sous les dehors de la «daawa», soit le prosélytisme ou la propagation de la religion. Paradoxalement les prêcheurs djihadistes commencent par exacerber la peur dans le cœur des étudiants, ils parlent abondamment de l’enfer qui attend ceux qui n’observent pas les obligations et les interdits de l’islam: «Ils nous ont mis en garde contre les punitions qui nous attendaient après la mort si l’on ne suivait pas strictement l’islam, et ont été efficaces dans la promotion de l’islamisme parmi beaucoup d’étudiants, y compris moi».
La peur ainsi inculquée sert trois objectifs. Le premier accroître l’observance religieuse des étudiants, le second assurer la domination du groupe djihadiste, le troisième imposer le programme islamiste dans les domaines social et culturel: «Jamaah Islamiyah, une fois devenu influent, a interdit les manifestations sociales comme écouter de la musique, qu’ils considéraient comme non islamique. Les étudiantes ont été séparées, elles n’ont pas été autorisées à s’asseoir avec les hommes. Les étudiants avaient peur de défier les décrets hostiles du groupe…» Finalement, le groupe djihadiste réussit à contrôler les étudiants par la peur de la damnation et par celle que lui-même inspire.
Mais ce pouvoir sur les esprits serait moins affirmé s’il n’était appuyé par un pouvoir d’intimidation contre tous ceux qui s’aviseraient de contester le groupe djihadiste. La première cible de l’intimidation, le corps professoral en commençant par ses maillons les plus vulnérables, les professeurs chrétiens – ces derniers sont l’objet de provocations suivies d’attaques sous forme de pamphlets et de plaintes: «…ils ont attaqué un professeur d’anatomie, le Dr Edward, parce qu’il a demandé aux dirigeants de Jamaah de mettre fin à leur sermon quotidien obligatoire afin qu’il puisse commencer son cours d’anatomie». On peut facilement imaginer le prêcheur étirer volontairement son sermon et le ponctuant d’attaques contre les incroyants, cherchant à provoquer le professeur impatient de donner son cours. La réaction du professeur chrétien donne invariablement au prêcheur le prétexte tant attendu pour dénoncer les «ennemis de l’islam engagés par l’Université». Inutile de souligner que cette façon de procéder a été par la suite transplantée mais en l’adaptant en occident. Elle consiste à abuser de la tolérance des gens et face à leur réaction, les accuser de racisme et d’islamophobie.
Ce pouvoir se manifeste aussi par la capacité de l’organisation à obtenir de l’Université qu’elle réponde favorablement à ses demandes: «Jamaah a construit une petite salle de prière dans notre école de médecine qui, plus tard, est devenue une mosquée avec une bibliothèque associée…» Le même scénario a été reproduit dans les universités canadiennes.
Le contrôle sur le terrain étant assuré, l’organisation djihadiste s’évertue à recruter parmi les étudiants ceux qui lui paraissent susceptibles de se joindre au djihad violent. Il est important de souligner le caractère totalitaire de l’organisation calqué sur le modèle du califat: «Muchtar était dans sa quatrième année, et la Jamaah lui avait donné le titre d’émir (prince ou calife)…» Dans les faits, le titre grandiloquent d’émir ne désigne pas un haut dirigeant. Celui qui le porte n’est qu’un chef local qui exécute les ordres et qui s’occupe surtout de recrutement. Pour se maintenir et prendre de l’expansion, le pouvoir totalitaire s’exerce et se transmet de haut en bas. Chaque niveau intermédiaire se voit confier un pouvoir absolu sur les niveaux inférieurs. L’idéologie djihadiste ne se prive pas de flatter l’ego des exécutants. Celui qui se voit octroyer le titre d’émir (prince) ne ménagera pas son zèle et ne sera pas enclin à se dégager du contrôle qu’exercent sur lui les échelons supérieurs. En retour il exercera un pouvoir équivalent dans le secteur qui lui est confié. Ce pouvoir, faut-il le mentionner, est exercé au nom d’Allah et de l’islam, procurant à celui qui le détient une légitimité et une autorité incontestables.
Surmonter la peur de l’enfer
Ayant inculqué solidement la peur, le djihadisme offre à ses adhérents la possibilité de s’en libérer. La peur est ressentie par celui qui risque à tout moment d’être transgresseur et ainsi mériter l’enfer. L’observance stricte n’offre qu’une garantie précaire, le démon se montre toujours très habile et induit invariablement les gens à transgresser. Seuls les djihadistes et ceux qui les appuient activement se trouvent à l’abri de la damnation: «Je me suis senti de plus en plus à l’aise avec la mort parce que je croyais que je vaincrais les infidèles de la terre ou profiterais du paradis dans l’au-delà». Défendre la cause d’Allah ou combattre dans le sentier d’Allah donne un sauf-conduit au paradis. Dixit Mahomet: «le paradis se trouve à l’ombre des épées!» Le djihadiste par conséquent fait cause commune avec Allah, il en devient en quelque sorte l’instrument: «Ce ne sont pas vous qui les avez tués, c’est Allah qui les a tués (coran, VIII. 17).»
J’ouvre ici une parenthèse. Les islamistes, qu’ils empruntent la violence ou utilisent d’autres moyens, s’assurent d’interpréter correctement la parole d’Allah et de suivre de très près l’exemple de Mahomet. Ils ne manquent pas de faire un parallèle entre l’époque qui a vu la naissance de l’islam et la nôtre. La faiblesse actuelle des pays musulmans et leur sous-développement ne sont pas sans rappeler la condition des tribus arabes avant Mahomet. L’islam a été l’élément déterminant dans l’unification des forces tribales permettant aux arabes de se lancer à la conquête du monde civilisé. Les islamistes ont acquis la conviction que les mêmes causes produiront les mêmes effets: l’unification des pays musulmans sous la bannière de l’islam salafiste permettra la conquête du monde industrialisé. Faute de répondre positivement au défi de la civilisation, les islamistes n’ont d’autres choix que de s’employer à la détruire.
Réaliser l’unité des combattants de l’islam
Cette préoccupation de réaliser l’unité des musulmans pour assurer le triomphe de l’islam s’exprime de différentes façons. La création de forums internationaux réservés aux états et aux organisations islamiques (l’équivalent n’existe pas pour les autre religions), le front commun que les états et les organisations islamiques présentent à l’ONU et dans d’autres instances, et jusqu’aux réactions de colère bien orchestrées contre les caricatures danoises et les propos du Pape. L’islamisme «non-violent» et que d’aucuns qualifient de modéré joue un rôle de premier plan dans la mise sur pied et la coordination des différentes activités. Le djihadisme, en apparence, n’est pas associé aux mesures non-violentes visant à faire avancer la cause de l’islam, mais il en profite et les complète. La littérature extrémiste est facilement accessible dans tous les centres culturels islamiques et dans toutes les madrasas liées aux mosquées, le djihadisme y est présent pour prêcher et recruter. En fouillant un peu il est aisé d’établir un lien entre les organisations qui représentent les musulmans en occident et le djihad.
Les organisations djihadistes s’emploient à assurer l’unité des combattants de l’islam: «Mais avant que les prières aient commencé, les participants étaient tenus de se tenir épaules à épaules et pied à pied. Le leader religieux, Mohammed Omar, a personnellement vérifié notre disposition pendant 15 minutes pour s’assurer qu’il n’y avait pas d’écarts entre nos épaules ou nos pieds. La raison de cet exercice est devenue évidente quand Omar a récité le verset suivant : « Allah aime ceux qui combattent pour Sa Cause en ordre serré, tel un édifice » (Coran, 61:4).» Ici le leader religieux établit un lien sans équivoque entre la prière et le combat, les jeunes rassemblés pour la prière en commun évoquent une armée rangée en bataille.
Fondements théologiques du djihad
Les islamistes s’appuient constamment sur les textes, ils se font un point d’honneur de démontrer que leurs actions s’accordent parfaitement avec l’esprit et la lettre du coran et des hadiths. La guerre sainte déclarée par Mahomet constitue le prototype et l’exemple à suivre pour toutes les guerres saintes, partant les islamistes rejettent la «contextualisation» des versets coraniques. L’islam salafiste est littéralement l’imitation des ancêtres, c’est l’islam des origines sans cesse réactualisé.
Endoctrinement
Bien avant l’entraînement au combat, la recrue doit traverser avec succès l’étape de l’endoctrinement et du conditionnement mental. Au terme de cette phase importante, le jeune devra ressembler à un musulman du temps du prophète ou du moins à l’image que les salafistes se font des musulmans de cette époque. «Après quelques mois d’écoute des sermons belliqueux de la Jamaah et de lectures qu’ils m’ont recommandé, ma personnalité a été complètement transformée. J’ai commencé à faire pousser ma barbe. J’ai arrêté de sourire et de raconter des histoires drôles. J’ai adopté un regard grave en tout temps et suis devenu très critique envers les autres». L’aspirant djihadiste doit renoncer à tous les plaisirs, réprimer ses émotions et ses pulsions sexuelles, il doit s’interdire de parler aux femmes et doit rejeter sa propre culture. Cette «ascèse» ne vise pas à le détacher des «biens terrestres» pour le rapprocher du «divin». Le djihadisme n’est pas une discipline contemplative, elle sert plutôt à lui procurer un sentiment intoxiquant de supériorité morale dont l’effet direct est de l’éloigner de ses amis et connaissances. Il en résulte un isolement social en dehors du cercle restreint de l’organisation islamique.
L’entreprise de fanatisation (je devrais plutôt dire djihadisation) est tellement efficace qu’il devient pratiquement impossible de déprogrammer un djihadiste. En tant que soldat d’Allah prêt au sacrifice et à la récompense suprême (les houris (vierges) du paradis), il est insensible à la persuasion et à la raison: «Je me suis senti de plus en plus à l’aise avec la mort parce que je croyais que je vaincrai les infidèles de la terre ou profiterai du paradis dans l’au-delà. Le djihad contre les non-musulmans m’a semblé une situation gagnant-gagnant. Les versets suivants, cités couramment par les membres Jamaah, validaient mon devoir de mourir pour Allah : « En vérité, Allah a acheté aux croyants leurs personnes et leurs biens en échange du Paradis, en vue de défendre Sa Cause : tuer et se faire tuer. Le paradis est la promesse d’Allah pour eux » (Coran, 9:111»).
L’endoctrinement parvient à rendre inopérants l’instinct de conservation et l’attachement aux êtres et aux choses, c’est pourquoi une fois sorti du moule le djihadiste est fin prêt pour opérer soit en groupe soit en solitaire. Le syndrome du djihad spontané qui se manifeste ici et là est la conséquence de cet endoctrinement désormais accessible à tous via internet. «Une des réalisations importantes de Zawahiri a été de personnaliser le djihad – de l’avoir transformé d’une responsabilité de la oumma, la communauté islamique, en un devoir des individus musulmans». Désormais, les individus s’affranchissent des limites imposées par la nationalité et la langue, ils échappent au contrôle des autorités religieuses de leur propre pays, ils se laissent guider par la seule doctrine de l’islam salafiste.
Intimidation
L’islamisme offre ce paradoxe surprenant d’un mouvement voué à la fois au prosélytisme et à l’excommunication. Les islamistes se vantent d’islamiser massivement et de convertir, d’autre part ils déplorent que la grande masse des musulmans vive dans l’ignorance de l’islam et ne se plie à ses obligations que sous la contrainte. Pour eux, il ne s’agit pas de musulmans mais d’hypocrites ou d’hérétiques bien pire que les incroyants, c’est ainsi que les musulmans sont devenus les principales victimes des attentats. N’est musulman que celui qui se plie scrupuleusement aux normes édictées par les textes fondateurs. C’est pourquoi, parallèlement à la daawa (la propagande religieuse outrancière) ils font usage du Takfir, soit le pouvoir de déclarer «Kafir» ou «mourtad» (apostat) tout musulman qui, par parole action ou omission, dévie de l’orthodoxie dont ils se sont constitués les défenseurs et les arbitres. Déclarer qu’un homme est un apostat c’est le transformer en cible, répandre son sang devient halal. «Je n’ai pas été autorisé à remettre en question un quelconque enseignement établi de l’idéologie salafiste. Les salafistes considèrent toute critique des textes islamiques comme redda (apostasie) passible de la peine de mort et de la damnation éternelle. La crainte de telles punitions sévères dissuade aussi la plupart des autres musulmans de critiquer l’enseignement salafiste.» Cette crainte affecte également les non-musulmans en occident, désormais nul ne peut critiquer l’islam sans risquer sa réputation, sa carrière ou sa vie.
Le djihadiste vient de l’élite
Les leaders djihadistes sous des dehors affables nourrissent de profonds sentiments de colère et de haine à l’égard de la civilisation occidentale. Il n’est pas étonnant qu’ils viennent majoritairement de milieux aisés. Ben Laden et El Zawahri, les patrons d’Al Qaeda, sont bien représentatifs de ce phénomène. Voilà comment El Zawahri harangue les recrues: «Il fut l’un des plus féroces orateurs que j’aie jamais entendu… Il plaidait pour la domination islamique totale, nous exhortant à poursuivre le djihad contre les non-musulmans et à les soumettre à la charia. Son discours nous a inspiré à nous engager dans la guerre contre les infidèles, les ennemis d’Allah. Il condamnait particulièrement l’occident pour la liberté des femmes. Il détestait le fait que les femmes occidentales soient autorisées à porter ce qui leur plaît, à travailler et à avoir les mêmes opportunités que les hommes…»
Contrairement à l’opinion entretenue par la gauche, le djihadisme n’a rien à voir avec la pauvreté du tiers-monde et encore moins avec le néo-colonialisme. Il s’agit d’un mouvement généreusement financé qui regroupe des gens faisant partie des élites. Ceux qui conçoivent, financent et organisent les attentats d’envergure possèdent des compétences dans plusieurs domaines et la capacité de créer des réseaux internationaux. Leur statut social leur permet bien souvent de se mouvoir sans éveiller de soupçons et de bénéficier de certaines relations utiles. Le djihadiste a donc certains points communs avec ses victimes, mais ils servent à alimenter sa haine plutôt qu’à l’atténuer. La profonde incompatibilité de l’islam avec la civilisation occidentale et l’impossibilité pour l’islam de se réformer sans s’autodétruire ne laissent aux djihadistes qu’une seule option, la guerre totale: «notre objectif ultime était de détruire les États-Unis – le plus grand symbole de la liberté des infidèles».
La haine de la liberté
D’où vient que les islamistes haïssent autant la liberté et pourquoi est-elle incompatible avec l’islam? Évoquons tout d’abord la doctrine de la prédestination. Elle imprègne le coran et les hadiths, tout est décidé d’avance par Allah, son omniscience et sa toute puissance ne laissent aucune place au libre arbitre ou aux choix individuels: «Rien ne nous arrivera, en dehors de ce qu’Allah a écrit pour nous» (coran IX, 51), «Allah guide qui il veut et il égare qui il veut...» (coran, XIV, 4), partant l’homme n’est pas libre, il n’est pas, selon l’expression arabe, «moukhayar» (en position de choisir) mais plutôt «moussayar» (conduit par en haut ou téléguidé). Quand l’occident fait un tel éloge et une telle promotion de la liberté individuelle, il ne se contente pas de blasphémer, il induit les musulmans en tentation en suscitant chez eux le goût de la liberté. Le musulman est celui qui se soumet aux décrets d’Allah, non celui qui adhère librement et volontairement. Si liberté individuelle il y a, elle ne doit servir qu’à accepter de se soumettre et à convaincre les autres d’agir de même. La liberté ne peut en aucun cas être invoquée pour se soustraire à l’islam ou à ses obligations, la seule liberté possible est donc unidirectionnelle.
Mais le blasphème de l’occident ne se limite pas à la liberté individuelle, il s’élargit à la notion de droits humains et à celle encore plus subversive de démocratie. Le concept de droits inaliénables et intrinsèques à l’homme place l’individu en position centrale par rapport à la société et à l’État. La démocratie quant à elle accorde la souveraineté au peuple, c’est à dire à l’ensemble des individus. Ces deux concepts ne laissent aucune place à la religion dans les affaires publiques, elle est par conséquent reléguée à la sphère privée et ses compétences se limitent au champ spirituel. En somme les droits humains et la démocratie ne se conçoivent que dans la laïcité. Pour les islamistes, il appartient à Allah d’accorder des droits et d’imposer des lois aux humains. La théocratie est le seul système de gouvernement acceptable. L’individu, par le fait qu’il est soumis à Allah, a l’obligation de se conformer au mode d’organisation qu’il a décrété. Les droits de l’homme et la démocratie sont par conséquent antinomiques à l’islam, d’où l’hostilité extrême des islamistes.
L’islam authentique est incompatible avec la liberté individuelle, la démocratie et les droits de l’homme. Il ne peut les inclure sans se défaire de pans entiers de son dogme et sans se fragiliser à l’extrême, c’est pourquoi les musulmans modernistes ont adopté à l’égard de leur religion des positions intenables. Face aux islamistes, ils ne peuvent les défendre à l’aide d’arguments convaincants s’appuyant sur les textes fondateurs. À bien des égards, les islamistes sont plus conséquents à l’égard de leur religion que les musulmans soufis laïques ou modernistes: «Ces points de vue (ceux des soufis) n’étaient toutefois pas fondés sur l’eschatologie islamique rigoureuse, ni sur une analyse objective des livres religieux. Ils incarnaient tout simplement une perception souhaitée de l’islam. Mes parents laïques proposaient la même perspective de tolérance, insistant sur le fait que l’islam est une religion de paix. Mais pour moi, les deux réponses ne sont pas satisfaisantes car elles souffrent du même problème – elles ne sont pas théologiquement fondées. Ma difficulté n’a pas été résolue, et j’ai continué à vivre avec un dilemme complexe».
Les musulmans modernistes
Le musulman qui veut, selon Abdel Wahab Meddeb, se libérer de la «malédiction» de l’extrémisme et de la violence, a le choix, soit de mettre au rancart une grande partie du contenu révélé, soit de le réinterpréter sans toutefois espérer gagner contre les islamistes. L’opinion selon laquelle «la compréhension des versets violents serait précisée le jour du jugement» équivaut à une suspension d’opinion ou à un refus de prendre position, elle laisse le champ libre à l’interprétation littérale des islamistes. Une autre attitude plus positive mais nettement plus risquée consiste à imiter l’exemple de Tawfik Hamid: «Je me suis finalement appuyé sur les idées des coranistes (musulmans qui ne reconnaissent que le coran et qui rejettent les hadiths) pour développer une nouvelle compréhension du coran qui soit compatible avec les valeurs des droits de l’homme et de la modernité». Cependant il ne se fait pas d’illusions: «Ces doctrines (salafistes) ne sont pas sorties de leur contexte, comme le prétendent beaucoup d’apologistes de l’islam : elles sont au cœur de la foi et de l’éthique de millions de musulmans, et sont actuellement enseignées dans le cadre du programme standard dans de nombreux systèmes d’éducation islamique dans le Moyen-Orient aussi bien qu’en occident». Dans l’enseignement religieux, l’emphase est souvent mise sur les passages du coran les plus haineux: « Dis : Voulez-vous que je vous indique la pire des sanctions auprès d’Allah ? C’est celle qui est réservée à ceux qu’Allah a maudits, à ceux qui ont encouru Sa colère et dont Il fait des singes et des porcs (les juifs et les chrétiens), et à ceux qui adorent des idoles ! Voilà ceux qui sont voués au plus misérable des destins, ceux qui sont les plus éloignés du droit chemin ! » (Coran, 5 : 60)
Les musulmans modernistes ne sont pas nombreux, ils reçoivent très peu de soutien et sont la cible des islamistes qui usent abondamment contre eux de l’arme du Takfir (l’accusation d’apostasie), …«Mahmoud Mohamed Taha a par la suite été assassiné au Soudan par des interprètes de la doctrine salafiste, pour le délit d’apostasie parce que son enseignement heurtait le leur.» Dans cette course à obstacle les modernistes partent avec un lourd handicap “Il est regrettable et désastreux que les fondements théologiques du salafisme soient à la fois puissants et répandus dans des librairies islamiques traditionnelles et approuvées. Ces textes enseignent, en outre, que les versets ultérieurs et plus violents du Coran abrogent les passages précédents plus pacifiques. En outre, il n’existe pas un seul manuel scolaire islamique approuvé qui contredit ou qui fournit une alternative aux passages que j’ai cités. Il est donc devenu clair pour moi que l’idéologie salafiste est largement responsable du soi-disant « choc des civilisations ». Face à l’avancée islamiste dotée de moyens et de ressources inépuisables provenant de l’Arabie Saoudite et des ayatollahs iraniens, la résistance moderniste est peu outillée et ne retient pas l’attention des politiciens ni celle des médias en occident.
Combat existentiel : résistance ou capitulation?
Tawfik Hamid, comme d’ailleurs Irshad Manji et bien d’autres, n’a pas renoncé à l’islam, il a emprunté une troisième voie entre islamisme et apostasie. Ayant connu l’extrémisme islamique de l’intérieur, il est bien placé pour nous avertir de ses dangers: “le salafisme prive les jeunes musulmans de leur âme, il retourne les communautés occidentales contre eux, et il peut aboutir à la guerre civile quand les musulmans tenteront d’appliquer la charia dans leur pays d’accueil.” Les relativistes pour qui toutes les cultures se valent, les politiciens qui ne pensent qu’à se faire élire, les journalistes qui ont peur de dire la vérité et les intellectuels adeptes de la cécité volontaire s’entendent pour nier le problème. Face à des islamistes menant contre la civilisation un combat existentiel, ils refusent de reconnaître la réalité de la guerre qui leur est déclarée, ils se montrent ainsi déconnectés de la réalité, totalement désarmés et, sans le savoir, bien engagés sur le chemin de la capitulation.
par Helios d’Alexandrie
Voir aussi sur notre site:
Développement psychologique d’un djihadiste
Comment on devient islamiste
La « maladie de l’islam », diagnostic et traitement
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