Richard Martineau : Savez-vous comment se nomme la plus importante organisation islamiste sur la planète ? Les Frères Musulmans. Vous voulez lutter contre l’amalgame islamiste/musulman? Commencez par les attaquer, eux.
ARTICLE 1
Auteur : Richard Martineau
Référence : Journal de Montréal, 24 avril 2013, p. 6
Titre original : Cachez cet Islam (2)
Je n’ai jamais dit que les musulmans sont tous des islamistes. J’ai dit que tous les islamistes sont musulmans.
Hier, Rima Elkouri, l’ineffable chroniqueuse de La Presse, a répondu au texte que j’ai publié en début de semaine.
Elle affirme — ô surprise — que j’ai mal cité sa chronique de samedi, portant sur les attentats de Boston. Voici la citation au complet: «On veut que la chasse à l’homme soit une chasse aux monstres. On souligne donc à grands traits que les suspects sont musulmans, comme si c’était en soi une explication.»
PROFESSION DE FOI MUSULMANE
Madame Elkouri, avez-vous lu votre propre journal, hier ? Avez-vous lu le texte de Fabrice De Pierrebourg sur le Montréalais soupçonné d’avoir participé à un complot terroriste visant un train de passagers à Toronto ?
Le titre (qui s’étendait sur deux pages, 2 et 3) était on ne peut plus clair. «Une profession de foi musulmane» C’était écrit en grosses lettres noires. Savez-vous pourquoi ? Parce que contrairement à vous, monsieur De Pierrebourg (qui a écrit un livre important sur les réseaux terroristes islamistes basés à Montréal) sait que les islamistes sont des musulmans radicaux.
Pas des catholiques radicaux. Pas des protestants radicaux. Pas des bouddhistes radicaux. Pas des raëliens radicaux. Pas des scientologues radicaux. Pas des juifs radicaux. Pas des orthodoxes radicaux. Pas des sikhs radicaux. Pas des hindouistes radicaux. Pas des anglicans radicaux. Pas des shintoïstes radicaux. Mais des musulmans radicaux. Et on devrait cacher ce fait ? On devrait le tenir sous silence, le balayer sous le tapis ?
AMALGAME ?
Contrairement à ce que vous laissez sous-entendre, Madame la chroniqueuse, je n’ai jamais dit que les musulmans sont tous des islamistes.
J’ai dit que tous les islamistes sont musulmans. Ce qui est vrai. Nier ce fait, c’est comme nier que la glace est de l’eau gelée. Vous dites que je ne fais jamais la distinction entre islam radical et musulman. Là encore, c’est faux, complètement faux, et vous le savez fort bien.
Non seulement fais-je constamment cette distinction, mais je ne cesse, pour appuyer mes affirmations, de citer justement des penseurs et des intellectuels qui connaissent très bien le monde arabo-musulman comme Djemila Benhabib (que votre journal ne cesse de dénigrer mais qui récolte les honneurs en France), Azar Majedi, Naser Khader, Irshad Manji, Chahdortt Djavann, Ayaan Hirsi Ali, Ibn Warraq et Samia Shariff, pour n’en nommer que quelques-uns.
En terminant, Madame Elkouri, sur ces gens qui s’entêtent à faire l’amalgame entre «islamisme» et «musulman»: savez-vous comment se nomme la plus importante organisation ISLAMISTE sur la planète ? Les frères musulmans. Vous voulez lutter contre ce dangereux amalgame ? Commencez par les attaquer, eux.
LES YEUX OUVERTS
Parlant d’islamisme… En 2011, un rapport de l’armée américaine coulé par WikiLeaks affirmait que l’un des neuf plus gros centres de recrutement de terroristes pour le compte d’Al-Quaïda à travers le monde se situait à… Montréal.
Il s’agit d’une mosquée située au coin des rues Hutchison et Jean-Talon.
Les autres centres se situent à Paris, à Londres, au Yémen, au Pakistan et en Afghanistan. Preuve qu’il faut garder les yeux ouverts. Se sortir la tête du sable. Et en finir avec cette mentalité infantile voulant que «tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil ».
ARTICLE 2
Auteure : Rima Elkouri
Référence : La Presse,
Titre original : Terrorisme et opportunisme (Version internet)
Portion de la chronique concernant Richard Martineau
(…) Je sais que ce n’est pas bien, mais des fois, je l’avoue honteusement, je réfléchis. Les nombreuses réactions à ma chronique de samedi portant sur la chasse aux monstres à Boston m’ont beaucoup fait réfléchir.
Il s’agissait d’une chronique où, horrifiée par les attentats du marathon, je me suis intéressée à la frontière mince et troublante entre les gens ordinaires et les pires criminels. Je soulignais le fait que les gens qui commettent des monstruosités sont, hélas, rarement des monstres. Loin de banaliser leurs actes, cela leur donne un caractère encore plus terrifiant.
Premier constat en lisant les commentaires: j’ai la chance d’avoir une majorité de lecteurs brillants. Qu’ils soient d’accord ou non avec mon propos, ils nourrissent à leur tour ma réflexion, me contredisent avec intelligence, me proposent de nouvelles pistes. Pour moi qui ai pris la barre de cette chronique un certain 10 septembre 2001, cette conversation est un gage de civilisation.
Deuxième constat: certains, minoritaires, mais malheureusement bruyants, semblent prendre un malin plaisir à déformer mes propos, m’accusant à tort de cautionner l’islamisme radical, de justifier l’injustifiable ou de banaliser le terrorisme. Ce sont de graves accusations, extrêmement insultantes. Quand le message vient d’un lecteur anonyme qui s’ennuie dans son sous-sol, passe encore. Mais je m’attends à un minimum de rigueur (ou peut-être pas…) de la part d’un Richard Martineau, par exemple, qui a le privilège d’avoir une tribune dans un quotidien. Il l’a peut-être oublié, mais une tribune vient avec des responsabilités, dont celle, sans doute un peu embêtante pour lui, de réfléchir avant d’écrire.
Hier, ce chroniqueur, qui mérite un Pullitzer pour ses raccourcis intellectuels, me prêtait des idées grotesques qui ne sont pas les miennes. Il ne fait pas la distinction entre «musulmans» et «islam radical». Il m’accuse à tort de faire porter la responsabilité des actes terroristes barbares sur la société d’accueil, ce qui va à l’encontre de mes convictions profondes.
Sa technique d’abêtissement est toujours la même: une phrase hors contexte, des nuances passées au tordeur de sa mauvaise foi, des accusations sans fondements et hop! Le tour est joué.
Résultat: j’ai reçu hier une série de messages haineux de lecteurs qui semblaient avoir avalé la bouillie mensongère du chroniqueur. On me dit gentiment que je suis la plus «sale» des journalistes, une «ordure», une chroniqueuse «détestable», un «monstre», qui doit évidemment retourner dans son pays.
Merci, Monsieur le chroniqueur. C’est toujours un honneur.
ARTICLE 3
Auteur : Fabrice de Pierrebourg
Référence : La Presse, 23 avril 2013, pp. A4-A5
Titre original : Une profession de foi musulmane
«Il n’y a pas d’autre Dieu qu’Allah. Mohamed est le prophète d’Allah.»
Pas de photo sur le profit LinkedIn enregistré au nom du suspect montréalais Chiheb Esseghaier, mais sur fond noir, cette profession de foi musulmane, adoptée par les djihadistes, difficile qu’elle passe inaperçue. De ce suspect montréalais d’origine tunisienne, on ne sait encore que peu de choses, si ce n’est son parcours d’études remarquable s’il est véridique affiché sur ce réseau social.
Son parcours scolaire a débuté, semble-t-il, à l’Institut national des sciences appliquées et de technologie de Tunis, où il aurait obtenu un baccalauréat ainsi qu’une maîtrise en biotechnologie industrielle.
Chiheb Esseghaier aurait ensuite intégré l’Université de Sherbrooke en août 2008. Il dit avoir travaillé sur la détection du virus de l’influenza A.
Il résidait alors dans un 1 ½, rue Galt. Un appartement qu’il a remis en location le 1er novembre pour la fin de son bail. Un voisin se rappelle des bruits qui provenaient de son appartement.
«Je me souviens des sons de chanson lorsqu’il faisait ses prières, surtout la nuit», dit-il.
Depuis novembre 2010, Chiheb Esseghaier était étudiant au doctorat au centre de l’INRS Énergie Matériaux Télécommunications de Varennes. Il étudiait les nano-senseurs. Sur place, impossible de parler à des collègues ou des professeurs. En raison d’une coupure de courant pour un changement de générateur (prévu depuis deux semaines, nous dit-on), l’édifice avait été évacué.
«C’est sûr qu’on va collaborer avec les forces policières de la GRC si elles ont besoin de nous parler», a néanmoins affirmé Julie Martineau, responsable des communications de l’établissement.
En entrevue à Radio-Canada, un étudiant de l’INRS dit avoir remarqué récemment le côté «obscurantiste» de Chiheb Esseghaier, mais que jamais il n’aurait imaginé qu’il puisse devenir un terroriste. Fait à noter, son groupe de recherche avait un site web dans lequel il apparaissait en photo à côté de son professeur. Ce dernier a quitté son emploi en novembre 2012. Et le site est devenu inaccessible quelques minutes après la conférence de presse de la GRC.
Avec Annabelle Blais et Caroline d’Astous
Références supplémentaires
Rima Elkouri (La Presse – 17 décembre 2007) : Du voile et du viol
Rima Elkouri (La Presse – 4 décembre 2010) : Les écoles ghettos (Archives PdeB)
Richard Martineau (Journal de Montréal – 12 mai 2010) : La grande mosquée