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Dans son essai Comment les démocraties finissent (1983), le philosophe et analyste politique français Jean-François Revel (1924 – 2006) commentait sur la capacité qu’ont les promoteurs du totalitarisme de miner les sociétés ouvertes de l’intérieur, en toute légalité, en ayant recours aux libertés d’expression, d’association et autres qui leur sont garanties.
Bien que les remarques de Revel aient été écrites en référence aux totalitarismes nazi et communiste, elles demeurent tout à fait valables et pertinentes pour comprendre l’offensive totalitaire que mènent présentement les Frères Musulmans en Occident. « Le projet », un document qui date de 1982 et qui fut saisi en novembre 2001 par la police à la résidence suisse du financier des Frères Musulmans Youssef Nada fait état d’un tel programme de destruction des sociétés occidentales de l’intérieur. Sylvain Besson a reproduit le document en annexe dans son livre La conquête de l’Occident (Paris, Éditions du Seuil, 2005).
Le leader spirituel de l’organisation, Youssef al-Qaradawi, est également revenu sur le sujet en présentant son texte Priorities of the Islamic Movement in the Coming Phase (Les priorités du mouvement islamique à la prochaine étape) à un auditoire de leaders islamistes réunis en Algérie en 1990.
Dans ce document, al-Qaradawi examina le rapport de force militaire entre le camp de l’islam et l’Occident et conclut qu’il serait vain, à l’étape actuelle, de penser islamiser l’Europe et l’Amérique du Nord par la force en raison d’un manque de moyens matérielsdu côté musulman:
« Nous (les musulmans) sommes dépendants des autres pour notre force militaire. Ceux contre qui nous voulons lancer notre jihad offensif sont les mêmes qui fabriquent toutes sortes d’armements et nous les vendent. Si ce n’était d’eux, nous serions désarmés, sans défense et incapables de faire quoi que ce soit! »
« Dans les circonstances, comment pouvons-nous parler de lancer des offensives (militaires) pour soumettre le monde entier à notre Message quand les seules armes que nous pouvons rassembler sont celles qu’ils nous donnent et quand les seules armes que nous pouvons transporter sont celles qu’ils acceptent de nous vendre? »
Référence: Chapitre 3 – A Debate that We Do not Need Today (Un débat qui ne servirait à rien aujourd’hui)
C’est dans ce contexte que les Frères Musulmans décidèrent d’encourager le recours à la violence dans certaines régions du monde et de le décourager dans d’autres. Le recours aux moyens doit être dicté par les conditions sur le terrain et non par une application mécanique d’un énoncé coranique:
« (Notre) Mouvement est islamique par son origine, son orientation, ses principes et ses objectifs. Il adopte les méthodes et les moyens qu’il juge appropriés pour servir sa religion et l’établir sur terre en fonction des conditions qui prévalent à un moment donné et à un endroit donné. Alors que l’islam est immortel, les méthodes, les moyens et les systèmes ne le sont pas. »
Référence: Chapitre 3 – The Necessity of Renewal in Means (La nécessité d’adapter les moyens d’action)
Un an après l’exposé d’al-Qaradawi, un cadre des Frères Musulmans rédigea un mémorandum interne dans lequel il définissait sans aucune ambiguïté la mission des Frères en Amérique du Nord. Le document contenait également une liste d’organisations associées au réseau nord-américain des Frères Musulmans. C’est ce qui valut à ce document d’être produit en preuve par la poursuite lors de deux procès qui se sont déroulés aux États-Unis en 2007 et 2008 et au terme desquels cinq leaders des Frères Musulmans ont été reconnus coupables et condamnés à de lourdes peines de prison pour avoir participé au financement d’activités terroristes au Moyen-Orient à partir du territoire américain.
Voici comment les Frères Musulmans décrivent leur mission en Amérique du Nord:
« Les Frères Musulmans doivent comprendre leur travail d’implantation en Amérique comme une sorte de grand jihad visant à éliminer, à détruire de l’intérieur la civilisation occidentale et à saboter sa misérable demeure afin que la religion d’Allah soit victorieuse sur toutes les autres religions. (…) C’est la destinée du musulman que de mener le jihad peu importe où il se trouve et ce, jusqu’à son dernier souffle. »
La version originale arabe du mémorandum et sa traduction anglaise sont archivées sur le site Investigative Project on Terrorism.
Vingt ans après la rédaction de ce mémorandum, les Frères Musulmans ont développé toute une infrastructure en Amérique du Nord et dans le monde occidental en général pour endoctriner les jeunes musulmans dans des écoles souvent financées par des fonds publics, pour influencer les politiciens, pour pénétrer les réseaux d’information et les institutions universitaires, etc.
L’extrait suivant de Comment les démocraties finissent de Revel est tiré du premier chapitre intitulé La fin d’un accident.Il aide à replacer dans son contexte la campagne islamiste en cours:
« La démocratie incline à méconnaître, voire à nier les menaces dont elle est l’objet, tant elle répugne à prendre les mesures propres à y répliquer. Elle ne se réveille que lorsque le danger devient mortel, imminent, évident. Mais alors soit le temps lui manque pour qu’elle puisse le conjurer, soit le prix à payer pour survivre devient accablant.»
(…)
« Alors que le totalitarisme liquide tout ennemi intérieur, ou pulvérise tout début d’action de sa part, grâce à des moyens simples et infaillibles, puisque antidémocratiques, la démocratie, elle, ne peut se défendre que très mollement. L’ennemi intérieur de la démocratie joue une partie aisée, car il exploite le droit au désaccord, inhérent à la démocratie même. Il cache avec adresse sous l’opposition légitime, sous la critique reconnue comme une prérogative de tout citoyen, le dessein de détruire la démocratie même, la recherche du pouvoir absolu, du monopole de la force. »
« La démocratie est en effet ce régime paradoxal où est offerte à ceux qui veulent l’abolir la possibilité unique de s’y préparer dans la légalité, conformément au droit, et même de recevoir à cet effet l’appui presque patent de l’ennemi extérieur, sans que cela passe pour une violation vraiment grave du pacte social. »
« La frontière est indécise, la transition facile entre l’opposant loyal, qui use d’une faculté prévue par les institutions, et l’adversaire qui viole ces institutions mêmes. Le totalitarisme confond le premier avec le second, de façon à justifier l’écrasement de toute opposition; la démocratie confond le second avec le premier, de peur d’être accusée de trahir ses propres principes. »
« On aboutit donc à cette situation renversée, que nous vivons tous les jours dans cette société que nous appelons par convention l’Occident, situation où ceux qui veulent détruire la démocratie paraissent lutter pour des revendications légitimes, tandis que ceux qui veulent la défendre sont présentés comme les artisans d’une répression réactionnaire. »
« L’identification des adversaires, intérieurs et extérieurs, de la démocratie à des forces progressistes, légitimes et, qui plus est, à des forces de “paix” tend à déconsidérer et à paralyser l’action des hommes qui ne veulent que préserver leurs institutions. »
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