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Alors que le premier ministre canadien Stephen Harper s’apprête à effectuer sa première visite au Moyen-Orient à compter de samedi le 18 janvier, le Conseil national des musulmans canadiens (CNMC – connu jusqu’en juillet dernier comme CAIR-CAN) s’est objecté à l’inclusion du rabbin Daniel Korobkin de Toronto dans la délégation officielle. Jason MacDonald, directeur des communications du premier ministre, a rejeté du revers de la main les objections du CNMC, un des principaux lobbies musulmans au Canada, en déclarant : «Nous ne prenons pas au sérieux une critique venant d’une organisation qui a des liens documentés avec une organisation terroriste comme le Hamas».
Sun News rapporte que le CNMC a réagi en affirmant que la déclaration de MacDonald est «complètement fausse» et en niant entretenir quelques liens que ce soit avec une organisation terroriste.
Le directeur exécutif du CNMC, Ihsaan Gardee, a ajouté par courriel : «Notre conseiller légal est d’avis que cet énoncé est diffamatoire (”defamatory”) et calomnieux (”libelous”) et nous entendons pousser l’affaire jusqu’au bureau du premier ministre.»
Le CNMC soutient que le rabbin Korobkin de Toronto devrait être exclus de la délégation canadienne car, en septembre 2013, il a présenté les deux activistes anti-islamistes Pamela Geller et Robert Spencer à une assemblée publique à Toronto. Le CNMC est connu en anglais comme le National Council of Canadian Muslims.
Pour comprendre le contexte de la remarque du directeur des communications du premier ministre, il est utile de remonter aux origines de CAIR-CAN. Cette organisation a été établie comme une succursale du Council on American-Islamic Relations (CAIR) basé à Washington qui avait lui-même été mis sur pied par trois dirigeants d’une courroie de transmission du Hamas aux États-Unis.
Dans des informations fournies lors du changement de nom, les leaders du CNMC ont complètement déformé l’histoire et prétendu qu’«il n’y a jamais eu de liens opérationnels ou financiers entre CAIR-CAN et le CAIR» (“There was never any operating or funding relationship between CAIR.CAN and CAIR.”)
Les liens opérationnels entre la courroie de transmission du Hamas, le CAIR et CAIR-CAN sont démontrés dans la chronologie qui suit :
Juin 1994 – Le Council on American-Islamic Relations (CAIR) a été établi par trois leaders de l’Islamic Association of Palestine (IAP) : Nihad Awad, Omar Ahmad et Rafeeq Jaber. L’IAP servait de courroie de transmission du Hamas aux États-Unis dans les années 1980-90. Une vidéo archivée par Investigative Project on Terrorism permet de voir Nihad Awad déclarer son appui au Hamas à l’Université Barry en 1994. En 2002, un juge américain qui présidait la cause Holy Land Foundation for Relief and Development v. Ashcroft a également déterminé que «l’Islamic Association of Palestine (IAP) a agi en appui au Hamas».
1996 – Création d’un «réseau informel au Canada afin de travailler avec le CAIR basé à Washington»
14 janvier 1997 – CAIR-Montréal est inscrit au Registre des entreprises du Québec
10 juillet 2000 – Incorporation de CAIR-CAN auprès d’Industrie Canada
29 décembre 2000 – Un communiqué de CAIR-CAN publié à Washington fournit le nom d’un leader du CAIR aux États-Unis comme contact pour commenter au sujet d’un feu dans une mosquée au Canada. Dans le communiqué de presse, CAIR-CAN est identifié comme «le bureau [du CAIR] au Canada» (CAIR’s “office in Canada”).
31 août 2001 – Le nom d’un leader du CAIR basé à Washington figure comme contact dans un communiqué de presse de CAIR-CAN critiquant le journal canadien National Post. Dans ce communiqué, CAIR-CAN est présenté comme «le bureau canadien du Council on American-Islamic Relations» (“the Canadian office of the Council on American-Islamic Relations”).
10 octobre 2002 – Le CAIR basé à Washington présente une demande auprès du gouvernement canadien pour obtenir l’exclusivité de l’utilisation de l’acronyme CAIR comme marque de commerce au Canada. Le requérant (devenu depuis propriétaire de la marque de commerce) est identifié comme CAIR (Council on American-Islamic Relations). Dans la banque de données du gouvernement canadien, l’adresse du CAIR est la suivante :
453 New Jersey Avenue, South East
Washington, D.C. 20003
United States of America
2003 – Dans un Guide sur l’islam publié à l’intention des journalistes par CAIR-CAN (p. 15), le CAIR de Washington est décrit (p. 14) comme «l’organisation-mère de CAIR-CAN» (“CAIR-CAN’s parent organization”).
16 décembre 2003 – La présidente du Conseil de CAIR-CAN, Sheema Khan, jure dans un affidavit en appui au CAIR de Washington impliqué dans une bataille légale au Canada que le CAIR «a un contrôle direct» (“has direct control”) sur les activités de CAIR-CAN au Canada.
10 mars 2005 – Une agence du gouvernement canadien confirme qu’au Canada, l’acronyme CAIR est une marque de commerce qui est la propriété exclusive du CAIR basé à Washington.
14 août 2007 – Dans un répertoire des sections locales du CAIR, CAIR-CAN apparaît entre CAIR-Ohio et CAIR-Pennsylvanie centrale.
Deux récents leaders de CAIR-CAN/CNMC ont ouvertement endossé le Hamas après qu’il ait été ajouté au répertoire d’organisations terroristes du gouvernement canadien
Jamal Badawi et Wael Haddara sont deux importants piliers de l’infrastructure des Frères Musulmans au Canada. Tous deux ont fait partie du conseil de direction de CAIR-CAN durant une dizaine d’années. Le premier était encore identifié comme leader de CAIR-CAN sur le site de l’organisation le 28 mai 2013, tandis que le second a résigné de son poste de directeur le 3 avril 2012. Le 3 mars 2004, tous les deux faisaient simultanément partie des conseils de direction de CAIR-CAN et de la Muslim Association of Canada (MAC). Ce jour-là, la MAC a émis un communiqué de presse dans lequel elle endossa officiellement le Hamas. C’était plus d’un an après que cette organisation ait été identifiée par le gouvernement du Canada, libéral à l’époque, comme une organisation terroriste et qu’elle soit inscrite sur un répertoire maintenu par Sécurité publique Canada.
En plus d’oeuvrer à a destruction d’Israël, les leaders du Hamas ont fréquemment prôné la conquête islamique de l’Occident ces dernières années (2008 – 2011 – 2012). Le 16 juillet 2013, le Hamas a même menacé de lancer des attaques terroristes dans les pays où se trouvent les ambassades d’Israël. Le Canada fait évidemment partie des cibles potentielles.
En 2002, alors qu’il siégeait au conseil de direction de CAIR-CAN, Wael Haddara était également administrateur d’IRFAN-Canada. En avril 2011, l’Agence du revenu du Canada (ARC) a révoqué le statut d’organisme de bienfaisance d’IRFAN-Canada après avoir conclu que, pour la période 2005-2009 uniquement, il avait transféré 14,6 millions $ au Hamas (GMBDR – Toronto Star).
En 2002, alors qu’elle était présidente du conseil de CAIR-CAN, Sheema Khan a endossé Youssef Qaradawi en le présentant comme «un exégète musulman renommé» à ses lecteurs du Globe and Mail. Youssef Qaradawi est le plus important leader du réseau des Frères Musulmans et, dans les faits, son leader spirituel. Il est également considéré comme le guide spirituel du Hamas. Dans le passé, ses fatwas ont servi au Hamas pour justifier ses attentats suicide menés au cœur d’Israël contre des civils.
Sheema Khan n’est plus membre du conseil de direction de CAIR-CAN devenu CNMC. Elle a cependant participé aux activités organisées à Ottawa pour célébrer le changement de nom de l’organisation en juillet 2013.
La présence de la fondatrice de CAIR-CAN au dévoilement du nouveau nom de l’organisation illustre bien qu’hormis le nom, rien n’a changé. L’actuel directeur exécutif du CNMC, Ihsaan Gardee, l’a d’ailleurs confirmé dans son communiqué de presse du 6 juillet quand il a déclaré : «Nous demeurons la même organisation à laquelle nos supporteurs (“constituents”) et nos partenaires peuvent faire confiance».
Références supplémentaires
Point de Bascule (18 juillet 2013) : Conseil national des musulmans canadiens – Le nouveau nom choisi par CAIR-CAN l’aide à masquer ses liens avec le CAIR basé à Washington et lié au Hamas (National Council of Canadian Muslims: The new name chosen by CAIR-CAN helps cover its links with Washington-based / Hamas-linked CAIR)
Point de Bascule : Fiche Conseil national des musulmans canadiens / CAIR-CAN
Point de Bascule (21 décembre 2012) : CAIR-CAN condamne Point de Bascule et utilise John Ralston Saul comme tête d’affiche pour légitimer le programme islamiste (CAIR-CAN condemns Point de Bascule and uses John Ralston Saul as a poster boy to legitimize the Islamist agenda)