Dans un avis administratif [a] à tous les employés du Département des Affaires Étrangères et du Commerce International du Canada (DAECI) en date du 7 avril 2006, Monsieur David Mulroney sous-ministre adjoint aux relations bilatérales, annonce la création de l’Unité Opérationnelle du Groupe de Travail des Communautés Musulmanes (Abréviation en anglais FMCG).
Cette unité a vu le jour à l’été 2005 pour faire face à des « problématiques nouvelles », des fonctionnaires recrutés à tous les niveaux ont été rassemblés dans un groupe de travail dont la responsabilité a été confiée à un certain Arif Lalani. Ils ont eu à gérer certains dossiers dont celui de la crise provoquée par les caricatures de Mahomet. Compte tenu de la charge de travail et du caractère volontaire des assignations il a été décidé de rendre cette instance permanente et de lui adjoindre une unité opérationnelle. Désormais le FMCG possède un statut de service à part entière dont l’influence s’étend à tout le DAECI et auquel s’ajoutent des responsabilités de coordination.
Le jargon administratif et la langue de bois des technocrates ont pour but de tuer dans l’œuf la curiosité du public et des médias. Pour faire simple disons que les affaires étrangères ont décidé de former un comité chargé de s’occuper de tous les sujets ayant un lien avec l’islam et les pays musulmans. Ce comité ne se contente pas de conseiller, comme on le verra plus loin il influence les décisions et supervise leur mise en place, ses pouvoirs s’étendent à tout le ministère.
En ce qui concerne la structure et le mandat de l’Unité Opérationnelle du Groupe de Travail des Communautés Musulmanes. (Abréviation en anglais FMCG) elle détient le rôle de centre focal et d’instance de validation au sein du département des affaires étrangères pour tous les enjeux impliquant les relations avec le monde musulman. Il bâtit la capacité du département à établir des politiques sur le même sujet. Il prend l’initiative de fournir au moment opportun les avis stratégiques sur les relations avec le monde musulman, il prend également l’initiative de créer un encadrement pour la politique du département concernant son approche générale du sujet. Comme tel le groupe de travail devrait être consulté par les instances supérieures et par les unités de travail sur l’éventail des enjeux affectant les relations du Canada avec les communautés musulmanes, incluant les interventions diplomatiques publiques, et il prendra l’initiative de coordonner la réaction du département à ces enjeux.
C’est pour rattraper le retard du Canada et suivre l’exemple du Royaume Uni, des Pays Bas et de l’Allemagne qu’une telle structure est mise en place. Un comité aviseur est formé, des rencontres trimestriels avec le responsable du FMCG sont prévus, les besoins en ressources humaines demandent à être comblés, toutefois le FMCG retient les services à plein temps d’Arif Lalani, de Crystal Procyshen et de Theresa Hahn, trois autres postes à plein temps sont prévus. Le personnel de soutien, recherchistes, techniciens d’administration, commis et secrétaires ne sont pas mentionnés.
En termes simples tout ce qui touche de près ou de loin à l’islam, à un pays musulman ou à une communauté musulmane doit passer par ce comité et toute décision d’où qu’elle vienne, d’Ottawa ou d’Islamabad, devra recevoir son aval. Aucune politique générale ne pourra être conçue sans que ce comité ne l’examine et au besoin ne l’amende pour la rendre conforme avec son approche spécialement adaptée au monde musulman. Il est fortement recommandé que les hauts responsables aux affaires étrangères et même les décideurs aux échelons inférieurs consultent le comité dès que les questions touchent aux relations du Canada avec les communautés musulmanes, ceci inclut jusqu’aux interventions courantes des diplomates, et ce qui est encore plus surprenant le comité gardera la haute main sur les actions concrètes découlant des décisions.
Pour remplacer les fonctionnaires qui travaillaient bénévolement dans ce comité trois postes sont créés. Parmi les personnes déjà en fonction il y a lieu d’examiner de plus près le parcours de Crystal Procyshen responsable en politiques et en interventions, elle est surtout connue pour avoir produit un article au vitriol en 1997 attaquant Israël JERUSALEM! [b] Toutefois ses sympathies en faveur des palestiniens et son antisionisme déclaré n’ont soulevé aucun doute sur son objectivité ni sur sa neutralité.
Commentaires
Si la Direction des affaires étrangères n’a pas jugé utile de créer des groupes de travail équivalents pour les autres religions (christianisme, judaïsme, hindouisme, Bouddhisme, animisme) c’est qu’elle a jugé, à tort ou a raison, que ces religions ne détiennent pas d’influence sur la direction des affaires. Cela revient à dire que l’on a bien pris note de l’influence de l’islam dans le champ politique des états où il est majoritairement présent et qu’on a décidé de s’adapter à cette réalité. Or s’y adapter revient à la cautionner et à se laisser influencer par elle. N’aurait-il donc pas fallu dès le départ se poser la question s’il est de l’intérêt du Canada de permettre à des considérations religieuses d’influencer ses orientations et ses choix en politique étrangère? Et si la réponse à cette question était positive ne devrait-on pas dans ce cas tenir simplement compte du fait religieux sans privilégier une religion en particulier ?
L’autre point concerne le concept de pays musulman décrit comme un territoire s’inscrivant dans un ensemble relativement homogène. Ce concept n’est pas conforme à la réalité, il accrédite une thèse dont la fausseté n’est plus à démontrer, à savoir qu’il existe une identité musulmane qui prédomine nettement sur les appartenances nationales et culturelles des différents pays musulmans [c] Dans les faits il y a très peu de points communs entre l’Égypte et l’Indonésie, l’Afghanistan et le mali et entre chacun de ces quatre pays, il serait par conséquent erroné de mettre l’emphase sur l’aspect religieux dans nos relations avec ces pays au détriment des éléments qui leur sont spécifiques et qui méritent d’être mieux connus. Privilégier le volet religieux revient donc à négliger les aspects les plus importants dans la compréhension des problématiques propre à chaque pays, c’est en quelque sorte se condamner à ne pas les comprendre.
C’est aussi accréditer la propagande islamiste mondiale laquelle ne reconnaît pas les différences nationales et culturelles des pays musulmans qu’elle cherche à fondre dans le concept de la « oumma » islamique en attendant l’avènement d’un califat mondial exerçant sa souveraineté sur tous les musulmans [d]
Dans une région comme le Moyen-Orient où nous pourrions nous attendre à davantage d’homogénéité vu l’usage de l’arabe comme langue commune, chaque pays présente des caractéristiques qui exigent une approche spécifique [e] La connaissance de ces caractéristiques est bien plus importante, pour la promotion de nos intérêts, que le développement d’une “sensibilité” à l’islam.
Plusieurs pays musulmans dont la Malaisie, l’Indonésie, l’Iran, l’Arabie Saoudite, l’Égypte, le Soudan et l’Algérie comptent d’importantes minorités ethniques et religieuses dont plusieurs souffrent de la montée du fondamentalisme islamique [f] cette réalité exige que le Canada se montre sensible au sort de ces minorités et qu’il prenne garde de ne pas poursuivre ses intérêts commerciaux à leur détriment.
Le Canada dans ses relations avec les pays étrangers doit démontrer une attitude neutre à l’égard des religions. Ayant lui-même opté pour le pluralisme et la neutralité sur le plan religieux, ses partenaires doivent s’attendre à ce qu’il maintienne la même neutralité religieuse dans ses rapports avec eux.
Les progrès du fondamentalisme dans certains pays incitent à la prudence [g] En premier lieu le Canada ne doit pas laisser le fondamentalisme islamique influencer sa politique étrangère, démontrer à son égard de la complaisance ou de la compréhension revient à le légitimer et à l’encourager. En second lieu, il faut maintenir une attitude prudente et prendre toute les précautions nécessaires dans le domaine de l’immigration pour prévenir l’entrée des fondamentalistes au Canada en particulier ceux qui posent un risque sur le plan sécuritaire [[Le Canada demeure un refuge pour criminels de guerre, La Presse Canadienne, Par Johnatan Montpetit, publier dans La Presse le 1er septembre 2007 http://www.cyberpresse.ca/article/20070901/CPACTUALITES/70901078/1019/CPACTUALITES
]]
Si la politique étrangère du Canada faisait preuve d’un préjugé favorable à l’égard de l’islam elle pourrait entraîner des conséquences néfastes dans l’éventualité qu’un différend sérieux toucherait deux pays rivaux dont l’un est musulman. L’exemple le plus éloquent est celui de l’Inde et du Pakistan. Dans ces conditions il pourrait s’avérer difficile de convaincre l’une des deux parties de la neutralité du Canada.
Et last but not least le Canada est composé majoritairement d’une population se réclamant de l’héritage judéo-chrétien, il est à la base des valeurs canadiennes de respect des libertés individuelles, de respect des droits de l’homme, d’égalité entre les sexes, de démocratie, de tolérance, de compassion et de non-discrimination. L’islam ne partage pas la plupart de ces valeurs particulièrement celles qui ont trait aux libertés, à l’égalité et aux droits humains dont il subordonne l’exercice à la loi islamique. Établir pour le Canada une politique étrangère favorable à l’islam revient à mettre sous le boisseau la nécessaire promotion des libertés, des droits de l’homme et des principes d’égalité et de non-discrimination [h]
Questionnements
On est droit de se poser la question si dans les faits ce comité ne constitue pas un ministère des affaires islamiques à l’intérieur du ministère des affaires étrangères. La conduite des affaires avec les pays musulmans obéit désormais à des impératifs autres que ceux qui s’appliquent pour tous les autres pays. Tout porte à croire qu’il est désormais difficile pour le gouvernement de mettre de l’avant, sans modifications profondes, une politique générale ou une approche ciblée dans un domaine particulier. Ce carcan est imposé pour tout ce qui touche le « monde islamique », il n’y a rien de prévu pour les autres pays. Les pays musulmans jouissent donc d’une sorte de statut spécial, c’est un peu comme si l’islam en tant que religion leur procurait des avantages ou des privilèges inaccessibles aux autres, en somme des “accommodements religieux” à l’échelle de la planète.
Les hauts fonctionnaires ont cette fâcheuse habitude d’en donner plus que le client n’en demande, on l’a vu avec la fameuse affaire du vote à visage voilé. Face au lobby des pays islamiques à l’ONU et dans d’autres instances internationales, les technocrates des affaires étrangères ont décidé de répondre positivement en prévoyant des accommodements et des assouplissements dont l’effet escompté serait de créer une image sympathique du Canada dans les chancelleries islamiques (l’image que le Canada se donne à lui-même ne semble pas avoir pesé bien lourd dans la balance), il était donc important de montrer patte blanche pour calmer la très haute susceptibilité de ces pays prompts à s’offenser de tout et de n’importe quoi: dessins anodins, citations pris hors contexte, décors d’opéra, ours en peluche etc.
On ne peut blâmer les pays musulmans de nous avoir forcé la main, encore que les images de manifestants hystériques hurlant à la mort aient frappé les esprits. La décision de se plier aux impératifs islamiques est saintement autochtone, elle témoigne d’un esprit de soumission incompatible avec l’exercice de la souveraineté nationale.
Une telle politique peut-elle s’exercer sans que le gouvernement fédéral ne l’harmonise avec son approche des communautés culturelles du pays ? Autrement dit le fédéral peut-il tenir deux discours un pour les pays musulmans et un autre pour les citoyens musulmans du Canada ? Tout porte à croire que non, l’attitude obséquieuse à l’égard des pays islamiques s’accompagne inévitablement d’une complaisance équivalente à l’égard des musulmans canadiens. Tous les citoyens sont égaux en principe cependant certains semblent bénéficier d’une plus grande égalité grâce à leur religion.
Les responsables de cette politique prétendent que le Canada ne fait que combler son retard et qu’il suit en cela l’exemple du Royaume Uni, de la Hollande et de l’Allemagne, trois pays où l’immigration musulmane pose de sérieux problèmes. Force est de croire que ces trois pays n’ont en rien amoindri l’intensité de leurs problèmes internes depuis qu’ils ont adopté de telles politiques, c’est tout le contraire, par leur attitude faiblarde et leurs hésitations ils ne font qu’encourager la radicalisation de leurs communautés musulmanes et les clivages entre les musulmans et les autres citoyens.
Mais n’aurait-il pas fallu que le Canada commence par se respecter lui-même avant de se préoccuper de ne pas offenser les pays musulmans ? L’affaire des caricatures danoises a causé une véritable commotion dans les chancelleries occidentales, les pays musulmans ont rapidement compris qu’ils pouvaient sans courir de risque intimider les occidentaux et les placer sur la défensive. Les autorités occidentales qui n’en sont pas à une lâcheté près ont battu en retraite, se sont excusés, ont effacé de leurs écrans la liberté d’expression, ont exercé des pressions sur les médias pour empêcher la publication des caricatures et se sont abstenu de soutenir moralement le Danemark laissé seul face à la tourmente. Conséquence de cette défaite auto-infligée les chancelleries occidentales dont celle du Canada s’engagent encore plus loin dans l’apaisement devenu désormais leur marque de commerce.
De cette politique complaisante à l’égard des pays islamiques le gouvernement du Canada n’en retirera que ce qu’il y a mis. Quand on investit de la lâcheté on ne récolte que du mépris et rien ne vient compenser l’atteinte à l’amour propre national. Peut-on croire qu’un immigrant musulman puisse s’identifier au Canada quand celui-ci s’incline honteusement devant la tyrannie politico-religieuse de son pays d’origine ?
- Canada’s Muslims Provide “Strategic Advice on Relations with the Muslim World” April 7, 2006 [http://www.danielpipes.org/blog/582->http://www.danielpipes.org/blog/582]expédié
- What is the TRUTH?, par Crystal Procyshen, publié dans le Al-Bushra, le 27 août 1997, [http://www.al-bushra.org/Truth/procyshen.htm->http://www.al-bushra.org/Truth/procyshen.htm] .
- Vers le califat par le dawa, Par Alain Jean-Mairet, AJM, le 4 août 2007 [http://www.ajm.ch/wordpress/?p=752->http://www.ajm.ch/wordpress/?p=752].
- [Vers le califat par le dawa, Par Alain Jean-Mairet, AJM, le 4 août 2007->http://www.ajm.ch/wordpress/?p=752].
- Connaissez-vous l’arabe ? de Ibn Warraq, Point de BASCULE, le 17 mai 2007 [https://pointdebasculecanada.ca/spip.php?article26->https://pointdebasculecanada.ca/spip.php?article26].
- Quelques sondages, Point de BASCULE [https://pointdebasculecanada.ca/spip.php?article49->https://pointdebasculecanada.ca/spip.php?article49],
- Quelques sondages, Point de BASCULE [https://pointdebasculecanada.ca/spip.php?article49->https://pointdebasculecanada.ca/spip.php?article49].
- Canadian Coalition for Democracies, [http://canadiancoalition.com/index.shtml->http://canadiancoalition.com/index.shtml].