Le raisonnement de Siddiqi est le suivant: puisque le mariage entre deux hommes ou deux femmes est reconnu, pourquoi s’arrêter là? Pourquoi ne pas reconnaître le mariage entre un homme et plusieurs femmes?
Bonne question!
L’éditorialiste André Pratte de La Presse, notre curé auto-proclamé qui méprise le peuple et les élus, commentait dans son éditorial du 8 novembre les résultats d’un référendum tenu en Californie où les citoyens ont rejeté une proposition de modifier la définition traditionnelle du mariage en vue de permettre les mariages entre couples de même sexe. Pratte a blâmé le «vote ethnique», les Noirs et les hispanophones, qui seraient plus socialement conservateurs que les Blancs, et «intolérants» envers les autres minorités. Pratte conclut que le peuple est trop bête et intolérant pour qu’on le laisse se prononcer sur ces questions, et qu’il vaut mieux s’en remettre aux juges.
La véritable question est celle que pose le britannique Siddiqi: si on change la définition du mariage, pourquoi s’arrêter en chemin? Pourquoi refuser de reconnaître la polygamie?
Qui sait si ce n’est pas des préoccupations face à la polygamie, plutôt que leur intolérance et l’arriération de leurs valeurs sociales (dixit Pratte) qui a incité les Noirs et les hispanophones de Californie à rejeter la proposition?
Le Guardian rapporte qu’une conférence s’est tenue le 18 novembre dans l’enceinte de la Temple Chuch sous le thème «Droit de la famille, minorités et pluralisme juridique: le droit anglais devrait-il intégrer davantage la charia?»
La conférence portait sur les mariages et les divorces islamiques. Dans sa présentation, Sheikh Faiz-ul Aqtab Siddiqi (chef du Tribunal d’arbitrage musulman) a abordé de front diverses questions, dont la polygamie. Commentant la non reconnaissance de cette institution dans le droit anglais, il a déclaré:
Dans un pays où des droits sont accordés à une, ou
même plusieurs maîtresses, et où il y a des mariages
homosexuels … les mariages polygames ne devraient
pas rester un concept aussi étranger.
Siddiqi est avocat et à ce titre, il a été impliqué dans le processus de réforme du droit anglais pour tenir compte des pratiques culturelles musulmanes, particulièrement en droit de la famille. Comme chef religieux, il se situe à l’extrême droite de l’aile conservatrice. Il est toutefois un membre respecté d’un certain nombre de fédérations d’organisations musulmanes et a pris le leadership d’initiatives en vue d’harmoniser la charia et le droit anglais.